Les scientifiques ont ainsi discuté avec 550 mères du sommeil de leur bébé de 2 mois. Parmi ces mères, 56 % ne partageaient jamais le lit de leur bébé. Environ 31 % pratiquaient le partage de lit à l’occasion et 12 % le faisaient régulièrement, c’est-à-dire plus de 4 fois par semaine.
Un an plus tard, les chercheurs ont évalué la qualité de l’attachement de ces enfants. Ils ont ainsi noté que les enfants qui n’avaient jamais partagé le lit de leur parent à 2 mois avaient un score d’attachement plus bas que ceux qui avaient déjà partagé le lit de leur parent, ne serait-ce qu’une fois ou deux dans leur courte vie. Cependant, les enfants qui partageaient régulièrement le lit de leur parent ne présentaient pas un attachement plus solide que ceux qui le faisaient seulement à l’occasion.
Il est important de spécifier que les parents qui ne dormaient jamais avec leur bébé avaient un profil particulier. En effet, ils étaient moins susceptibles de bercer, de prendre ou de promener leur bébé. Les mères allaitaient aussi moins longtemps. Par ailleurs, leurs bébés étaient eux-mêmes différents. Ils étaient plus calmes, plus réguliers et ils se réveillaient moins la nuit. Puisque les deux groupes étudiés sont distincts sur plusieurs aspects, comment déterminer si c’est bien le partage de lit qui est responsable des différences concernant l’attachement?
À partir de ces observations, il est donc difficile de tirer des conclusions bien solides sur l’effet du partage de lit sur l’attachement. En fait, les résultats de l’étude semblent plutôt indiquer que ce n’est pas tant l’arrangement de sommeil par lui-même qui influence le développement de l’enfant, mais plutôt l’attitude des parents en général.
Ainsi, on peut supposer que les parents qui dorment à l’occasion avec leur enfant le font dans des situations particulières, par exemple s’il est malade ou s’il maussade. Ces parents répondraient donc avec sensibilité aux besoins de leur enfant, comme le démontre d’ailleurs leur façon de prendre soin de leur bébé. En faisant preuve de flexibilité, ils pourraient favoriser le développement de leur enfant.
Si cette hypothèse est la bonne, les débats autour du partage de lit pourraient bien être superflus. Bien plus que l’endroit où il dort, c’est le fait de recevoir des soins rapides et chaleureux qui garantirait un développement affectif harmonieux à l'enfant. Une raison de plus pour encourager les parents à choisir un arrangement de sommeil qui leur convient à eux et à leur bébé.
À propos du partage de lit:
Le partage de lit à l'hôpital : une étude qui rate la cible
Dangereux le partage de lit?
Source:
Maillera-Seitz, V. et M. P. C. M. Luijk. (2016) Association between infant nighttime-sleep location and attachment security: no easy verdict. Infant Mental Health Journal, 37 (1): 1-12.
Maillera-Seitz, V. et M. P. C. M. Luijk. (2016) Association between infant nighttime-sleep location and attachment security: no easy verdict. Infant Mental Health Journal, 37 (1): 1-12.