Au Québec, il y a les réunions de la Ligue La Leche, les pauses MAM, les haltes allaitement de Nourri-Source et bien d'autres encore. Vous les avez peut-être fréquentées d'ailleurs pendant votre allaitement. Au Royaume-Uni, ce sont les Baby Cafés. Ces rencontres pour mères qui allaitent sont chapeautées par un organisme de charité, le National Childbirth Trust. Dans un article publié dans le journal BMC Pregnancy and Childbirth, l'organisme a voulu savoir comment ces rencontres étaient perçues par les mères qui allaitent. Les évaluateurs de l'activité ont donc réalisé 51 entrevues avec des mères qui ont participé à ce genre de réunion.
Selon leurs résultats, les mères apprécient les Baby Cafés notamment parce que ces rencontres leur permettent d'obtenir de l'aide en personne. En effet, les Baby Cafés donnent accès à un professionnel formé en allaitement (une monitrice, une marraine ou une consultante en lactation) qui peut répondre gratuitement aux questions des mères. Les femmes interrogées rapportaient d'ailleurs qu'elles avaient pu établir une relation de confiance avec la personne ressource présente lors de la réunion. Celle-ci était vue comme une experte de l'allaitement qui possède des connaissances et une expérience intéressantes. Les mères étaient alors rassurées et heureuses du soutien offert.
Par ailleurs, la présence de plusieurs autres mères est un élément important des Baby Café. Les participantes à l'étude avouent qu'elles étaient nerveuses de participer à leur première réunion. Elles disaient ne pas savoir à quoi s'attendre et avoir peur de ne pas se sentir à leur place. Cependant, une fois arrivées, elles ont constaté que le groupe pouvait leur offrir un soutien précieux. Fréquenter d'autres mères qui allaitent aurait même augmenté leur confiance en leur capacité à allaiter. D'autres études ont d'ailleurs noté que les groupes de soutien sont parfois plus efficaces que l'aide individuelle. Ils aideraient en effet les mères à se sentir plus en contrôle.
Les Baby Cafés permettraient aussi aux nouvelles mamans de recevoir l'aide d'autres mères et de briser ainsi leur isolement. Par exemple, les mères avec des bébés plus vieux deviendraient des modèles pour les mères interrogées. Celles-ci pouvaient alors constater que l'allaitement s’améliore souvent avec le temps. Il s'agirait également d'une bonne occasion pour côtoyer des mères qui ont choisi l'allaitement prolongé.
Royaume-Uni et Québec, même combat
La situation de l'allaitement au Royaume-Uni et au Québec n'est pas si différente. En effet, dans les deux cas, beaucoup de mères amorcent l'allaitement, mais très peu d'entre elles continuent pour atteindre les objectifs proposés par la santé publique. Selon le National Childbirth Trust, 80 % des femmes qui ont cessé d'allaiter dans les 6 premières semaines auraient aimé continuer plus longtemps.
L'enquête réalisée par l'organisme a d’ailleurs permis d'en savoir plus sur le vécu des mères allaitantes. Plusieurs des femmes interrogées disent entre autres qu'on leur a présenté une vision irréaliste de l'allaitement, ce qui suscite de la colère chez elles. Selon l'étude, en présentant l'allaitement comme un geste facile et instinctif, les mères se sentent facilement coupables et inadéquates. Les mères jugent également que la pression pour allaiter n'est pas accompagnée du soutien nécessaire pour atteindre cet objectif. Ces femmes se demandent alors si elles ont fait le bon choix et croient devoir justifier leur décision.
Par ailleurs, certaines mères disent avoir reçu beaucoup d'avis contradictoires et cela aurait diminué leur confiance en leur capacité à allaiter. Elles ont donc l'impression qu'elles doivent être très déterminées pour réussir. De plus, si personne n'a allaité dans leur famille, leurs proches leur offre peu de soutien. La pression à allaiter du départ se change alors en une pression à sevrer.
Devant ces résultats, les auteures de l'étude réitèrent l'importance d'un discours réaliste au sujet de l'allaitement, mais aussi de la mise en place de ressources adéquates, centrées sur la mère pour soutenir celle-ci sans la juger. Dans ce contexte, les Baby Cafés semblent être une ressource intéressante pour les mères allaitantes et le National Childbirth souhaite faire davantage pour s'assurer qu'un maximum de femmes y ait accès.
À propos du soutien à l'allaitement :
Référence :
Fox R, McMullen S, Newburn M. UK women's experiences of breastfeeding and additional breastfeeding support: a qualitative study of Baby Café services. (2015) BMC Pregnancy Childbirth, 15:147.