L'autonomie de la femme qui accouche devrait être une des priorités de l'équipe médicale lors de la naissance d'un enfant. Cette idée au cœur même de l'humanisation des naissances devrait s'appliquer aussi au moment de recevoir une épidurale chez les mères qui choisissent d'y avoir recours selon une équipe de chercheurs associés au collectif Cochrane. Ceux-ci ont en effet observé que les risques associés à cette intervention sont les mêmes, qu'elle soit administrée au début ou à la fin du travail.
Cette étude semble indiquer que les femmes qui reçoivent une épidurale tôt pendant le travail n'ont pas un taux différent de césariennes ou de naissances instrumentalisées que celles qui reçoivent l'épidurale plus tard. Le moment pour donner l'épidurale n'affecterait pas non plus la durée de la phase de poussée ni l'état du bébé à la naissance.
Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont réanalysé 9 études dans lesquelles les femmes enceintes avaient été réparties au hasard entre deux groupes : l'un où elles ont reçu l'épidurale avant d'avoir atteint 4 à 5 cm de dilatation et l'autre où elles l'ont reçue après. Cela représente 15752 futures mères.
Jusqu'à présent, la croyance populaire voulait que lorsqu'une mère reçoit une épidurale très tôt pendant le travail, le risque de césarienne ou d'utilisation des forceps augmente. Certaines études laissaient également croire que l'épidurale très tôt allongeait la durée du travail.
Les résultats des chercheurs du collectif Cochrane indiqueraient que ce n'est pas le cas pour la césarienne et l'utilisation des forceps. Le cas de la durée du travail semble toutefois moins clair. Si le moment pour recevoir une épidurale n'influencerait pas la durée de la phase de poussée, les scientifiques n'ont pas pu arriver à une conclusion convaincante pour la phase de dilatation. Les données analysées présentaient en effet de trop grandes variations pour être fiables.
Dans le communiqué émis par le collectif Cochrane, les chercheurs croient que leur étude est importante pour aider les femmes à faire un choix éclairé. Nous avons tous entendu parler de mères qui avaient demandé une épidurale et qui se l'était vue refuser parce que le travail n'était pas assez avancé. À la lumière des résultats présentés aujourd'hui, ce refus n'était fondé sur aucune donnée scientifique solide.
Bien que l'épidurale soit un moyen efficace pour soulager la douleur, elle n'est pas sans effet secondaire : faiblesse musculaire, nausée, frissons, démangeaisons et maux de tête. Par ailleurs, si de faibles doses de bupivacaine ne semblent pas augmenter le taux de césarienne, l'épidurale en elle-même augmente le risque d'avoir recours aux forceps ou à la ventouse et rallonge la durée de la phase de poussée. Il est donc important de bien expliquer aux femmes que cet effet sera le même, peu importe que l'épidurale soit donnée au début ou à la fin du travail.
En d'autres termes, à partir du moment où une femme choisit de demander une épidurale et qu'elle le fait en toute connaissance de cause, elle devrait la recevoir au moment où elle le juge opportun. Il s'agit encore d'un cas où les données scientifiques devraient primer sur les habitudes et les croyances de l'équipe médicale.
Pour en savoir plus sur l'épidurale:
L'épidurale : l'arme ultime contre la dépression?
Qu'est-ce qui peut arrêter un accouchement?
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Références :
Cochrane Press Office (2014) Timing of epidural is up to the mother - new Cochrane evidence. (communiqué) Consulté le 15 octobre 2014.
Sng BL, Leong WL, Zeng Y, Siddiqui FJ, Assam PN, Lim Y, Chan ESY, Sia AT. Early versus late initiation of epidural analgesia for labour. Cochrane Database of Systematic Reviews 2014, Issue 10. Art. No.: CD007238. DOI: 10.1002/14651858.CD007238.pub2.
Varma-White, K. (2014, 9 octobre) Moms in labor can have epidural whenever they want, new research finds. Today Parents. Consulté le 15 octobre 2014.