Aujourd'hui, j'aborde un sujet proposé par Eva Sorli : l'impact des hormones maternelles sur le bébé pendant la grossesse et l'allaitement.
Au Moyen Âge, on croyait que les sorcières pouvaient nourrir leurs enfants démons aux mamelons mêmes des nouveau-nés. Le lait produit par un nourrisson porte depuis le nom de « lait de sorcière ». Pour éloigner les petits diables, certaines grand-mères ou sages-femmes exprimaient elles-mêmes ce lait maudit.
On sait maintenant que la production de petites quantités de lait par un nouveau-né de même que les mini-menstruations que certaines fillettes expérimentent au moment de la naissance n'ont rien de surnaturel. Il s'agit en fait d'un processus tout à fait normal qui n'est rien d'autre qu'une réaction du bébé aux hormones maternelles.
En effet, pendant la grossesse, le foetus est exposé aux hormones qui sont présentes dans le sang de la mère et qui réussissent à traverser le placenta. Ce sont les estrogènes en particulier qui seraient en cause. Ces hormones atteignent des niveaux très élevés pendant la grossesse, c'est-à-dire environ 100 fois supérieurs à ceux d'une femme non enceinte.
Cette quantité importante d'estrogène serait responsable de la production du lait de sorcière puisqu'elle favoriserait le développement de bourgeons mammaires chez le nouveau-né, garçon ou fille, et donc la sécrétion temporaire de lait. Celui-ci fait habituellement son apparition autour du 3e jour et disparaît autour de deux semaines plus tard. La situation peut toutefois durer un peu plus longtemps pour les bébés allaités. Environ 5,9 % des nourrissons produiraient ce type de lait.
Par ailleurs, du point de vue vaginal, l'exposition à l'estrogène cause parfois le gonflement des lèvres de même que de petites pertes vaginales blanches. La chute rapide des hormones maternelles peut aussi provoquer de légers saignements vaginaux qu'on appelle mini-menstruation. Si 25,4% des bébés filles expérimenteraient des saignements microscopiques, on estime que seulement 3,3 % auront des saignements visibles. Ceux-ci disparaissent habituellement dans les deux premiers mois de vie.
Et pendant l'allaitement?
Sachant l'impact des hormones maternelles sur le bébé lors de l'accouchement, certaines personnes se demandent si on pourrait observer un phénomène semblable chez le bébé allaité lorsque le cycle menstruel de la mère reprend.
Premièrement, les niveaux d'estrogènes pendant un cycle menstruel sans fécondation ne se comparent pas du tout à ceux expérimentés pendant la grossesse. À peine 24 heures après l'accouchement, les quantités d'estrogènes chez la mère ne représentent plus que 2 % de la situation avant l'arrivée du bébé. Par la suite, lorsque le cycle menstruel reprend, la femme atteint ses plus hauts niveaux d'estrogène lors de l'ovulation et des menstruations, c'est-à-dire autour de 0,4 ng/mL. À titre comparatif, quelques jours avant l'accouchement, une femme produit 300 000 ng d'estrogène par jour.
Deuxièmement, il faut évaluer le transfert des hormones sexuelles dans le lait de la mère. Malheureusement, la plupart des données existantes concernent plutôt le transfert d'hormones lors de la prise d'un contraceptif hormonal. Selon certains experts, les hormones contraceptives sont excrétées en très petites quantités (< 1% de la dose maternelle) dans le lait. Dans le cas des contraceptifs oraux combinés, ces niveaux sont similaires aux niveaux d'estrogène et de progestérone dans le lait maternel de mères avec des cycles ovulatoires. Un suivi effectué pendant 8 ans sur des nourrissons dont les mères utilisaient un contraceptif oral combiné en allaitant n'a montré aucun effet négatif sur la croissance ou le développement.
Bien sûr, ces molécules ne se comportent pas nécessairement de la même manière que l'estrogène naturel de la mère. Cependant, si dans les deux cas les niveaux dans le lait sont similaires et qu'aucun impact sur les bébés allaités n'a été observé lors de la prise de contraceptifs oraux, on peut supposer que les estrogènes naturels de la mère ne sont pas en quantité suffisante pour provoquer des effets similaires a ceux observés à la naissance.
En comprenant bien ce qui se passe d'un point de vue hormonal lors de l'accouchement et de l'allaitement, on peut maintenant expliquer des phénomènes étranges comme le lait de sorcière ou les mini-menstruations. Une victoire de la connaissance sur les superstitions...
Au Moyen Âge, on croyait que les sorcières pouvaient nourrir leurs enfants démons aux mamelons mêmes des nouveau-nés. Le lait produit par un nourrisson porte depuis le nom de « lait de sorcière ». Pour éloigner les petits diables, certaines grand-mères ou sages-femmes exprimaient elles-mêmes ce lait maudit.
On sait maintenant que la production de petites quantités de lait par un nouveau-né de même que les mini-menstruations que certaines fillettes expérimentent au moment de la naissance n'ont rien de surnaturel. Il s'agit en fait d'un processus tout à fait normal qui n'est rien d'autre qu'une réaction du bébé aux hormones maternelles.
En effet, pendant la grossesse, le foetus est exposé aux hormones qui sont présentes dans le sang de la mère et qui réussissent à traverser le placenta. Ce sont les estrogènes en particulier qui seraient en cause. Ces hormones atteignent des niveaux très élevés pendant la grossesse, c'est-à-dire environ 100 fois supérieurs à ceux d'une femme non enceinte.
Cette quantité importante d'estrogène serait responsable de la production du lait de sorcière puisqu'elle favoriserait le développement de bourgeons mammaires chez le nouveau-né, garçon ou fille, et donc la sécrétion temporaire de lait. Celui-ci fait habituellement son apparition autour du 3e jour et disparaît autour de deux semaines plus tard. La situation peut toutefois durer un peu plus longtemps pour les bébés allaités. Environ 5,9 % des nourrissons produiraient ce type de lait.
Par ailleurs, du point de vue vaginal, l'exposition à l'estrogène cause parfois le gonflement des lèvres de même que de petites pertes vaginales blanches. La chute rapide des hormones maternelles peut aussi provoquer de légers saignements vaginaux qu'on appelle mini-menstruation. Si 25,4% des bébés filles expérimenteraient des saignements microscopiques, on estime que seulement 3,3 % auront des saignements visibles. Ceux-ci disparaissent habituellement dans les deux premiers mois de vie.
Et pendant l'allaitement?
Sachant l'impact des hormones maternelles sur le bébé lors de l'accouchement, certaines personnes se demandent si on pourrait observer un phénomène semblable chez le bébé allaité lorsque le cycle menstruel de la mère reprend.
Premièrement, les niveaux d'estrogènes pendant un cycle menstruel sans fécondation ne se comparent pas du tout à ceux expérimentés pendant la grossesse. À peine 24 heures après l'accouchement, les quantités d'estrogènes chez la mère ne représentent plus que 2 % de la situation avant l'arrivée du bébé. Par la suite, lorsque le cycle menstruel reprend, la femme atteint ses plus hauts niveaux d'estrogène lors de l'ovulation et des menstruations, c'est-à-dire autour de 0,4 ng/mL. À titre comparatif, quelques jours avant l'accouchement, une femme produit 300 000 ng d'estrogène par jour.
Deuxièmement, il faut évaluer le transfert des hormones sexuelles dans le lait de la mère. Malheureusement, la plupart des données existantes concernent plutôt le transfert d'hormones lors de la prise d'un contraceptif hormonal. Selon certains experts, les hormones contraceptives sont excrétées en très petites quantités (< 1% de la dose maternelle) dans le lait. Dans le cas des contraceptifs oraux combinés, ces niveaux sont similaires aux niveaux d'estrogène et de progestérone dans le lait maternel de mères avec des cycles ovulatoires. Un suivi effectué pendant 8 ans sur des nourrissons dont les mères utilisaient un contraceptif oral combiné en allaitant n'a montré aucun effet négatif sur la croissance ou le développement.
Bien sûr, ces molécules ne se comportent pas nécessairement de la même manière que l'estrogène naturel de la mère. Cependant, si dans les deux cas les niveaux dans le lait sont similaires et qu'aucun impact sur les bébés allaités n'a été observé lors de la prise de contraceptifs oraux, on peut supposer que les estrogènes naturels de la mère ne sont pas en quantité suffisante pour provoquer des effets similaires a ceux observés à la naissance.
En comprenant bien ce qui se passe d'un point de vue hormonal lors de l'accouchement et de l'allaitement, on peut maintenant expliquer des phénomènes étranges comme le lait de sorcière ou les mini-menstruations. Une victoire de la connaissance sur les superstitions...
Références :
A.D.A.M Medical Encyclopeida. (2013) Hormonal effects in newborns : Newborn breast swelling; physiologic leukorrhea. Consulté le 18 janvier 2014 sur le site U.S. National Library of Medicine.
Blackburn, S. T. (2012) Maternal, Fetal, & Neonatal Physiology: A Clinical Perspective. Maryland: Elsevier.
Faculty of Family Planning & Reproductive Health Care. FFPRHC Guidance (July 2004): Contraceptive choices for breastfeeding women. J Fam Plann Reprod Health Care. 2004 Jul;30(3):181-9; quiz 189.
Grider, A.R., Adams Hillard, P. J. (1997) Vaginal Bleeding in Pediatric Patients. Journal of Pediatric and Adolescent Gynecology, vol 10 (3) : 173.
Huber A. (1976) [The frequency of physiologic vaginal bleeding of newborn infants]. Zentralbl Gynakol. 1976;98(16):1017-20.
Leung AK, Pacaud D. (2004) Diagnosis and management of galactorrhea. Am Fam Physician. 70(3):543-50.
Potts, Malcolm (1999). Ever Since Adam and Eve: The Evolution of Human Sexuality. p. 145.
http://books.google.ca/books/about/Ever_Since_Adam_and_Eve.html?id=RoDv0JiIqF4C&redir_esc=y