Aujourd'hui, je réponds à la question de Fanny Themans : « J'ai entendu que l'allaitement augmente les possibilités de tomber enceinte de jumeaux. Auriez-vous des informations sur le sujet, des explications scientifiques? »
La fréquence des jumeaux varie à travers le monde et l'Histoire. Au Niger, une personne sur 12 est un jumeau alors qu'en Asie, on parle d’une sur 70. Les scientifiques ont aussi observé que le taux de jumeaux a diminué entre 1900 et 1980 pour finalement revenir en hausse à partir de ce moment. Ces variations suscitent bien sûr des questions. Quels facteurs pourraient favoriser la naissance de jumeaux?
Distinguons d'abord les vrais des faux jumeaux. Lors de la conception de vrais jumeaux, un seul spermatozoïde féconde un seul ovule. L'embryon ainsi formé se divise ensuite en deux pour générer deux bébés qui partagent entièrement les mêmes gènes. Au contraire, pour les faux jumeaux, deux ovules distincts sont fécondés par deux spermatozoïdes différents.
Les scientifiques ne comprennent pas encore très bien les mécanismes favorisant la naissance de vrais jumeaux. À ce jour, on n'a donc pas identifié avec certitude de facteurs maternels ou environnementaux qui pourraient augmenter leur fréquence. La situation est toutefois plus claire pour les faux jumeaux.
Pour concevoir de faux jumeaux, deux ovules doivent se développer pendant un même cycle menstruel. En temps normal, un ovule voit le jour grâce à la maturation d'un follicule à la surface de l'ovaire. C'est une hormone appelée FSH, sécrétée au début du cycle menstruel, qui en déclenche le développement. Lorsque le follicule donne naissance à un ovule, il fabrique en même temps une hormone bloquant la production de FSH. Dans ces conditions, un seul follicule réussira à produire un ovule. Cependant, si la quantité de FSH est trop grande ou si elle demeure élevée trop longtemps, deux ovules pourraient voir le jour. On a d'ailleurs observé que les mères de faux jumeaux ont des niveaux supérieurs de FSH.
Trois facteurs particuliers favoriseraient réellement la naissance de faux jumeaux : l'hérédité, l'âge de la mère et le nombre d'enfants de la mère avant la conception.
L'hérédité : La sœur d'un jumeau aurait 95 % plus de chance de concevoir des jumeaux. Les scientifiques croient que plusieurs gènes pourraient être responsables de cette prédisposition familiale. En particulier, des mutations dans les gènes nécessaires à la production de l'hormone FSH, servant à bloquer sa production ou pouvant réagir à sa présence seraient les principales suspectes.
L'âge maternel : Entre l'âge de 15 et de 35 ans, la chance de concevoir des jumeaux est multipliée par quatre. Les scientifiques proposent que ce serait le nombre de follicules qui expliquerait cette situation. Lorsqu'une femme est jeune, plusieurs follicules seraient prêts à répondre au signal de la FSH et donc à en bloquer rapidement la sécrétion. Cependant, à mesure que la femme vieillit, les follicules sont de moins en moins nombreux et réagissent plus lentement. La FSH est alors sécrétée plus longtemps, ce qui laisserait le temps à deux ovules de se développer. C'est d'ailleurs pourquoi la fréquence des jumeaux serait en hausse depuis 1980. Bien que les traitements de fertilité pourraient avoir un rôle à jouer, ce serait surtout parce que les mères ont maintenant des enfants à un âge plus avancé.
Le nombre d'enfants : Plus une femme a d'enfants au moment de la conception, plus ses chances d'avoir des jumeaux sont grandes. On croit d'ailleurs que la baisse du taux de jumeaux entre 1900 et 1980 s'expliquerait par la disparition des familles nombreuses.
Les autres facteurs : Certains facteurs ont été associés avec la naissance de jumeaux, mais ils sont parfois controversés. Entre autres, on retrouve la taille de la mère, son indice de masse corporelle, la saison de la conception, le tabagisme, l'utilisation de contraceptifs hormonaux et les suppléments d'acide folique.
Le cas particulier des bébés conçus pendant l'allaitement
Est-ce que le fait de concevoir un enfant pendant qu'on allaite pourrait augmenter les chances d'avoir des jumeaux? Selon le Dr Steinman, ce serait bien le cas. En 2001, celui-ci a étudié des mères fréquentant la Ligue La Leche qui étaient devenues enceintes en allaitant. Il a ainsi calculé que le pourcentage de naissance de vrais jumeaux était de 3,6 % chez ces mères alors que dans une population sélectionnée au hasard, on parle plutôt de 0,4 %. Pour les faux jumeaux, la fréquence était de 7,8 %, comparativement à 0,7 % en général.
Selon le Dr Steinman, les mères qui allaitent ont des niveaux plus bas de calcium. Comme le calcium est nécessaire pour lier les cellules entre elles, une baisse affaiblirait la force des liens entre les cellules de l'embryon. Il y aurait donc plus de risque que celui-ci se scinde en deux pour donner naissance à de vrais jumeaux. De plus, l'allaitement perturbe la sécrétion des hormones sexuelles. Cela pourrait occasionner une surproduction de FSH et favoriser la conception de faux jumeaux.
Cette étude est toutefois la seule à faire un lien entre l'allaitement et la conception de jumeaux. Contacté à ce sujet, le Dr Jacques Kadoch, chef du service de médecine et biologie de la reproduction du Centre hospitalier de l'Université de Montréal, s'est dit surpris par ces données dont il n'avait jamais eu connaissance auparavant.
Cette hypothèse devra donc être analysée plus en profondeur avant qu'on puisse conclure que l'allaitement augmente les chances de concevoir des jumeaux.
Au Québec, en 2010, les naissances de jumeaux représentaient 3 % de l'ensemble des naissances.
La fréquence des jumeaux varie à travers le monde et l'Histoire. Au Niger, une personne sur 12 est un jumeau alors qu'en Asie, on parle d’une sur 70. Les scientifiques ont aussi observé que le taux de jumeaux a diminué entre 1900 et 1980 pour finalement revenir en hausse à partir de ce moment. Ces variations suscitent bien sûr des questions. Quels facteurs pourraient favoriser la naissance de jumeaux?
Distinguons d'abord les vrais des faux jumeaux. Lors de la conception de vrais jumeaux, un seul spermatozoïde féconde un seul ovule. L'embryon ainsi formé se divise ensuite en deux pour générer deux bébés qui partagent entièrement les mêmes gènes. Au contraire, pour les faux jumeaux, deux ovules distincts sont fécondés par deux spermatozoïdes différents.
Les scientifiques ne comprennent pas encore très bien les mécanismes favorisant la naissance de vrais jumeaux. À ce jour, on n'a donc pas identifié avec certitude de facteurs maternels ou environnementaux qui pourraient augmenter leur fréquence. La situation est toutefois plus claire pour les faux jumeaux.
Pour concevoir de faux jumeaux, deux ovules doivent se développer pendant un même cycle menstruel. En temps normal, un ovule voit le jour grâce à la maturation d'un follicule à la surface de l'ovaire. C'est une hormone appelée FSH, sécrétée au début du cycle menstruel, qui en déclenche le développement. Lorsque le follicule donne naissance à un ovule, il fabrique en même temps une hormone bloquant la production de FSH. Dans ces conditions, un seul follicule réussira à produire un ovule. Cependant, si la quantité de FSH est trop grande ou si elle demeure élevée trop longtemps, deux ovules pourraient voir le jour. On a d'ailleurs observé que les mères de faux jumeaux ont des niveaux supérieurs de FSH.
Trois facteurs particuliers favoriseraient réellement la naissance de faux jumeaux : l'hérédité, l'âge de la mère et le nombre d'enfants de la mère avant la conception.
L'hérédité : La sœur d'un jumeau aurait 95 % plus de chance de concevoir des jumeaux. Les scientifiques croient que plusieurs gènes pourraient être responsables de cette prédisposition familiale. En particulier, des mutations dans les gènes nécessaires à la production de l'hormone FSH, servant à bloquer sa production ou pouvant réagir à sa présence seraient les principales suspectes.
L'âge maternel : Entre l'âge de 15 et de 35 ans, la chance de concevoir des jumeaux est multipliée par quatre. Les scientifiques proposent que ce serait le nombre de follicules qui expliquerait cette situation. Lorsqu'une femme est jeune, plusieurs follicules seraient prêts à répondre au signal de la FSH et donc à en bloquer rapidement la sécrétion. Cependant, à mesure que la femme vieillit, les follicules sont de moins en moins nombreux et réagissent plus lentement. La FSH est alors sécrétée plus longtemps, ce qui laisserait le temps à deux ovules de se développer. C'est d'ailleurs pourquoi la fréquence des jumeaux serait en hausse depuis 1980. Bien que les traitements de fertilité pourraient avoir un rôle à jouer, ce serait surtout parce que les mères ont maintenant des enfants à un âge plus avancé.
Le nombre d'enfants : Plus une femme a d'enfants au moment de la conception, plus ses chances d'avoir des jumeaux sont grandes. On croit d'ailleurs que la baisse du taux de jumeaux entre 1900 et 1980 s'expliquerait par la disparition des familles nombreuses.
Les autres facteurs : Certains facteurs ont été associés avec la naissance de jumeaux, mais ils sont parfois controversés. Entre autres, on retrouve la taille de la mère, son indice de masse corporelle, la saison de la conception, le tabagisme, l'utilisation de contraceptifs hormonaux et les suppléments d'acide folique.
Le cas particulier des bébés conçus pendant l'allaitement
Est-ce que le fait de concevoir un enfant pendant qu'on allaite pourrait augmenter les chances d'avoir des jumeaux? Selon le Dr Steinman, ce serait bien le cas. En 2001, celui-ci a étudié des mères fréquentant la Ligue La Leche qui étaient devenues enceintes en allaitant. Il a ainsi calculé que le pourcentage de naissance de vrais jumeaux était de 3,6 % chez ces mères alors que dans une population sélectionnée au hasard, on parle plutôt de 0,4 %. Pour les faux jumeaux, la fréquence était de 7,8 %, comparativement à 0,7 % en général.
Selon le Dr Steinman, les mères qui allaitent ont des niveaux plus bas de calcium. Comme le calcium est nécessaire pour lier les cellules entre elles, une baisse affaiblirait la force des liens entre les cellules de l'embryon. Il y aurait donc plus de risque que celui-ci se scinde en deux pour donner naissance à de vrais jumeaux. De plus, l'allaitement perturbe la sécrétion des hormones sexuelles. Cela pourrait occasionner une surproduction de FSH et favoriser la conception de faux jumeaux.
Cette étude est toutefois la seule à faire un lien entre l'allaitement et la conception de jumeaux. Contacté à ce sujet, le Dr Jacques Kadoch, chef du service de médecine et biologie de la reproduction du Centre hospitalier de l'Université de Montréal, s'est dit surpris par ces données dont il n'avait jamais eu connaissance auparavant.
Cette hypothèse devra donc être analysée plus en profondeur avant qu'on puisse conclure que l'allaitement augmente les chances de concevoir des jumeaux.
Au Québec, en 2010, les naissances de jumeaux représentaient 3 % de l'ensemble des naissances.
Références :
Hoekstra C, Zhao ZZ, Lambalk CB, Willemsen G, Martin NG, Boomsma DI, Montgomery GW. (2008) Dizygotic twinning. Hum Reprod Update. 2008 Jan-Feb;14(1):37-47. Epub 2007 Nov 16.
Institut de la Statistique du Québec (2010, 5 juin). Les naissances de jumeaux en forte croissance au Québec de 1980 à 2010. Communiqué de presse consulté le 27 janvier 2014.
Steinman G. (2001) Mechanisms of twinning. IV. Sex preference and lactation. J Reprod Med. 46(11):1003-7.