La situation est classique. "Professionnel no 1? Mon bébé de 2 mois pleure sans cesse et ne dort jamais. Je suis complètement désespérée." "Alors là, Madame, c'est parce que vous répondez à tous ses caprices. Utilisez le 5-10-15 pour lui apprendre à dormir et ça ira mieux!" Madame sort du bureau et croise Professionnel no.2. "Bonjour Professionnel no 2! Professionnel no 1 me dit que je dois faire le 5-10-15 pour que mon bébé cesse de pleurer." Et professionnel no 2 de répondre : "Mais non! Vous ne devez absolument pas faire ça!" Madame rentre alors à la maison, toujours aussi désespérée, mais cette fois très perplexe!
Les recommandations sur la façon de gérer les bébés qui pleurent excessivement varient beaucoup d'un intervenant à l'autre. Bien souvent, ces conseils plus ou moins bien venus ne sont basés sur aucune donnée scientifique. Pour faire la lumière sur ce que la recherche nous dit à ce sujet, deux chercheurs australiens se sont donné pour mission de réviser tout ce qui avait été écrit sur la gestion du sommeil chez un bébé de moins de 6 mois qui pleure excessivement.
L'exercice n'a toutefois pas été facile. L'interprétation des études sur le sujet est en effet périlleuse. D'une part, les scientifiques du domaine ont la fâcheuse habitude de ne pas départager les difficultés d'alimentation des problèmes de sommeil. Pourtant, un bébé qui ne prend pas bien le sein risque de pleurer plus souvent et de mal dormir. La solution pertinente ne sera toutefois pas la même que pour un nourrisson qui peine simplement à s'endormir. Ensuite, beaucoup d'experts cherchent à appliquer des résultats obtenus sur des bébés de plus de 6 mois à des bébés de quelques semaines. Bien entendu, les différences au niveau du développement à cet âge sont énormes et rendent ces extrapolations douteuses. Enfin, les professionnels ont aussi la tendance étrange à voir des liens de cause à effet là où il n'y a qu'une association.
Malgré ces difficultés, les auteurs de cette analyse ont commencé par étudier si les interventions comportementales pouvaient avoir des impacts positifs pour les bébés maussades. Dans ce type d'approche, ils ont inclus la réponse retardée aux signaux de l'enfant (comprenant le fameux 5-10-15), les horaires stricts pour les tétées et le sommeil, les moyennes déterminant la durée attendue du sommeil et l'heure optimale pour le coucher ainsi que toutes les stratégies où on cherche à entraîner le nourrisson à s'endormir sans nourriture ou sans contact avec un parent.
Chez les enfants, les résultats sont mitigés selon les auteurs. Une étude réalisée sur 246 dyades mère bébé n'a démontré aucun effet sur le nombre de réveils nocturnes ou sur la durée du sommeil. Par contre, deux recherches sont arrivées à la conclusion que les interventions permettaient d'augmenter la durée totale du sommeil en solitaire de 29 minutes sur 24 heures. Dans deux autres cas, les bébés dormaient davantage, mais ils pleuraient toujours autant. Les interventions visant le sommeil semblent donc manquer leur cible, selon les chercheurs, puisque les bébés sont toujours aussi irritables et l'amélioration du sommeil est somme toute minime.
Qu'en est-il des mères? Tirent-elles des bénéfices de ces approches? En général, les études analysées par les auteurs ne semblent pas noter d'impact sur la dépression post-partum. C'est pourtant le but recherché par les professionnels lorsqu'ils suggèrent ces approches. Certains de ces programmes d'intervention offerts par un professionnel de la santé se vantent bien de réduire les symptômes d'anxiété et de dépression, mais ces effets pourraient être simplement dus au réconfort que les femmes ressentent si un intervenant prend le temps de les écouter, croient les chercheurs.
Enfin, les auteurs de cette analyse s'interrogent sur les impacts imprévus des interventions comportementales. Par exemple, selon eux, ces techniques diminueraient la confiance des parents quant à leur compétence pour décoder les signaux de leur enfant et nuiraient à l'allaitement. Certaines études suggéreraient même que les horaires très stricts imposés aux bébés augmenteraient les pleurs et les difficultés de comportement à 6 mois. Enfin, ces méthodes mettent souvent l'accent sur le calcul du nombre d'heures de sommeil ou sur le nombre de réveils, exacerbant ainsi l'anxiété des parents.
En résumé selon cette analyse australienne, les interventions comportementales pour améliorer le sommeil des bébés de moins de 6 mois ne sont pas appropriées pour venir en aide aux parents aux prises avec un nourrisson qui pleure de façon excessive. À preuve, si beaucoup de familles amorcent ce genre de programme, elles sont aussi très nombreuses à les abandonner.
Les chercheurs proposent donc que les professionnels devraient commencer par régler les problèmes d'alimentation ou toute autre situation psychosociale qui pourraient expliquer le comportement du bébé. Ensuite, ils gagneraient à aider les parents à prendre confiance en leur capacité, à les renseigner sur les signaux normaux d'un nourrisson et sur les rythmes attendus d'un nouveau-né. Ultimement, l'effet recherché est de répondre à l'anxiété parentale pour que notre mère du début de l'histoire rentre à la maison avec son bébé confiante et rassurée.
Un parent sur cinq dit que son bébé pleure de façon excessive. Cette situation est particulièrement courante dans les trois à quatre premiers mois de vie.
Les recommandations sur la façon de gérer les bébés qui pleurent excessivement varient beaucoup d'un intervenant à l'autre. Bien souvent, ces conseils plus ou moins bien venus ne sont basés sur aucune donnée scientifique. Pour faire la lumière sur ce que la recherche nous dit à ce sujet, deux chercheurs australiens se sont donné pour mission de réviser tout ce qui avait été écrit sur la gestion du sommeil chez un bébé de moins de 6 mois qui pleure excessivement.
L'exercice n'a toutefois pas été facile. L'interprétation des études sur le sujet est en effet périlleuse. D'une part, les scientifiques du domaine ont la fâcheuse habitude de ne pas départager les difficultés d'alimentation des problèmes de sommeil. Pourtant, un bébé qui ne prend pas bien le sein risque de pleurer plus souvent et de mal dormir. La solution pertinente ne sera toutefois pas la même que pour un nourrisson qui peine simplement à s'endormir. Ensuite, beaucoup d'experts cherchent à appliquer des résultats obtenus sur des bébés de plus de 6 mois à des bébés de quelques semaines. Bien entendu, les différences au niveau du développement à cet âge sont énormes et rendent ces extrapolations douteuses. Enfin, les professionnels ont aussi la tendance étrange à voir des liens de cause à effet là où il n'y a qu'une association.
Malgré ces difficultés, les auteurs de cette analyse ont commencé par étudier si les interventions comportementales pouvaient avoir des impacts positifs pour les bébés maussades. Dans ce type d'approche, ils ont inclus la réponse retardée aux signaux de l'enfant (comprenant le fameux 5-10-15), les horaires stricts pour les tétées et le sommeil, les moyennes déterminant la durée attendue du sommeil et l'heure optimale pour le coucher ainsi que toutes les stratégies où on cherche à entraîner le nourrisson à s'endormir sans nourriture ou sans contact avec un parent.
Chez les enfants, les résultats sont mitigés selon les auteurs. Une étude réalisée sur 246 dyades mère bébé n'a démontré aucun effet sur le nombre de réveils nocturnes ou sur la durée du sommeil. Par contre, deux recherches sont arrivées à la conclusion que les interventions permettaient d'augmenter la durée totale du sommeil en solitaire de 29 minutes sur 24 heures. Dans deux autres cas, les bébés dormaient davantage, mais ils pleuraient toujours autant. Les interventions visant le sommeil semblent donc manquer leur cible, selon les chercheurs, puisque les bébés sont toujours aussi irritables et l'amélioration du sommeil est somme toute minime.
Qu'en est-il des mères? Tirent-elles des bénéfices de ces approches? En général, les études analysées par les auteurs ne semblent pas noter d'impact sur la dépression post-partum. C'est pourtant le but recherché par les professionnels lorsqu'ils suggèrent ces approches. Certains de ces programmes d'intervention offerts par un professionnel de la santé se vantent bien de réduire les symptômes d'anxiété et de dépression, mais ces effets pourraient être simplement dus au réconfort que les femmes ressentent si un intervenant prend le temps de les écouter, croient les chercheurs.
Enfin, les auteurs de cette analyse s'interrogent sur les impacts imprévus des interventions comportementales. Par exemple, selon eux, ces techniques diminueraient la confiance des parents quant à leur compétence pour décoder les signaux de leur enfant et nuiraient à l'allaitement. Certaines études suggéreraient même que les horaires très stricts imposés aux bébés augmenteraient les pleurs et les difficultés de comportement à 6 mois. Enfin, ces méthodes mettent souvent l'accent sur le calcul du nombre d'heures de sommeil ou sur le nombre de réveils, exacerbant ainsi l'anxiété des parents.
En résumé selon cette analyse australienne, les interventions comportementales pour améliorer le sommeil des bébés de moins de 6 mois ne sont pas appropriées pour venir en aide aux parents aux prises avec un nourrisson qui pleure de façon excessive. À preuve, si beaucoup de familles amorcent ce genre de programme, elles sont aussi très nombreuses à les abandonner.
Les chercheurs proposent donc que les professionnels devraient commencer par régler les problèmes d'alimentation ou toute autre situation psychosociale qui pourraient expliquer le comportement du bébé. Ensuite, ils gagneraient à aider les parents à prendre confiance en leur capacité, à les renseigner sur les signaux normaux d'un nourrisson et sur les rythmes attendus d'un nouveau-né. Ultimement, l'effet recherché est de répondre à l'anxiété parentale pour que notre mère du début de l'histoire rentre à la maison avec son bébé confiante et rassurée.
Un parent sur cinq dit que son bébé pleure de façon excessive. Cette situation est particulièrement courante dans les trois à quatre premiers mois de vie.
Référence :
Douglas PS, Hill PS. (2013) Behavioral sleep interventions in the first six months of life do not improve outcomes for mothers or infants: a systematic review. J Dev Behav Pediatr. 34(7):497-507.