On parle beaucoup de la dépression post-partum, mais on oublie parfois que les problèmes psychologiques commencent souvent bien avant la naissance. L'étude des impacts du stress pendant la grossesse revêt donc une grande importance. Des chercheurs de la Suède ont voulu y remédier en analysant le niveau de stress des mères pendant la grossesse et ensuite chez leurs enfants. Leurs résultats apportent toutefois plus de questions que de réponses.
Pour évaluer le stress vécu par les participants, les scientifiques ont mesuré la quantité de cortisol se trouvant dans leurs cheveux. Cette hormone est en effet sécrétée à la suite d'un stress prolongé. Ils ont ainsi remarqué un lien entre le cortisol maternel pendant le deuxième et le troisième trimestre de la grossesse et celui de l'enfant à 1 et 3 ans. Par contre, avec le temps, la présence de cortisol diminuait selon des mesures prises à 5 et 8 ans.
L'association entre les niveaux de cortisol de la mère et ceux de l'enfant impliquerait deux choses, proposent les chercheurs.
Premièrement, il est possible qu'une prédisposition génétique transmise de la mère à son bébé provoque cette quantité importante de cortisol. Deuxièmement, les scientifiques suggèrent que le stress élevé de la mère influence le fonctionnement de la réponse au stress chez l'enfant.
En effet, lorsque nous sommes dans une situation stressante, l'hypothalamus (une portion du cerveau réglant le métabolisme, mais aussi impliquée au niveau des émotions) sécrète une hormone de libération qui stimule l'hypophyse (toujours dans le cerveau) à produire l'hormone ACTH. C'est cette substance qui provoquera la production de cortisol par les glandes surrénales. Ce serait donc cette cascade d'hormones qui pourrait être influencée par le stress de la mère selon les scientifiques.
Ces conclusions font toutefois abstraction de certaines limites de l'étude.
Tout d'abord, les chercheurs ont remarqué une association entre le stress maternel et celui de l'enfant. Par contre, ils n'ont pas démontré que le stress de la mère était responsable de l'état de l'enfant. Certains éléments stressants dans l'environnement pourraient avoir influencé l'enfant comme la mère. D'ailleurs, les scientifiques ont noté un lien entre des conditions sociales difficiles et les niveaux de cortisol.
De plus, si la mère éprouvait un niveau de stress élevé pendant la grossesse, on peut supposer qu'elle est demeurée anxieuse après la naissance de son enfant. Sachant que les mères avec des problèmes de santé mentale peuvent connaître des difficultés à prendre soin de leur bébé, il faut éviter de conclure trop rapidement que le stress pendant la grossesse est responsable de l'état psychologique des enfants à 1 ou 3 ans. La situation après l'accouchement pourrait aussi avoir un rôle à jouer.
Les résultats de cette étude ne devraient donc pas constituer une source d'inquiétude supplémentaire pour les mères. De plus, les données compilées auprès des enfants plus vieux sont encourageantes puisqu'elles suggèrent qu'avec le temps, les niveaux de cortisol reviennent à la normale. Cependant, cette recherche devrait motiver les intervenants en périnatalité à mettre tout en œuvre pour aider les futures mères se trouvant dans une situation difficile psychologiquement à obtenir de l'aide.
Références :
Karlén J, Frostell A, Theodorsson E, Faresjö T, Ludvigsson J. (2013) Maternal Influence on Child HPA Axis: A Prospective Study of Cortisol Levels in Hair. Pediatrics. 2013 Nov;132(5):e1333-40. doi: 10.1542/peds.2013-1178. Epub 2013 Oct 7.
Marieb, Elaine N. (2008) Biologie humaine, 2éd., Montréal: Éditions du Renouveau Pédagogique.