Aujourd'hui, je parle d'un sujet proposé par Geneviève Courchesne : « Ça ne me surprendrait pas que l'exposition aux pesticides et autres polluants modernes, surtout chez les enfants en bas âge, augmente les risques de développer des allergies alimentaires, mais je n'ai jamais rien lu de scientifiquement convainquant ou concluant à ce sujet... »
L'offre d'aliments bio est en pleine expansion. Pour les parents, cette nouvelle vision de l'alimentation peut être une source de questions. Bien sûr, ils veulent offrir le meilleur à leur enfant et les protéger de certains contaminants. Cependant, les produits bio sont aussi plus dispendieux. Alors, font-ils réellement une différence sur le développement des tout-petits? La réponse est plus complexe qu'il n'y paraît.
De façon étonnante, il existe très peu d'études sur l'impact de la consommation de nourriture bio sur la santé et celles qu'on trouve ne sont pas de très bonne qualité. D'une part, pour obtenir des éclaircissements, les enfants qui mangent bio devraient être étudiés sur une très longue période de temps. D'autre part, les expérimentateurs devraient s'assurer de bien contrôler l'alimentation des participants à l'étude. Enfin, les scientifiques auraient surtout à s'entendre sur la définition d'un aliment bio.
Règle générale, on dit qu'une culture est bio si l'agriculteur ou l'éleveur évite les fertilisants synthétiques, les pesticides, les régulateurs de croissance et les additifs alimentaires pour le bétail. Il privilégie donc la rotation des cultures, le fumier animal ou végétal, le désherbage manuel et le contrôle biologique des ravageurs. Cependant, au-delà de ces principes de base, les normes de culture biologique varient d'un pays à l'autre et les études les définissent mal.
L'interprétation des résultats s'avère alors ardue lorsque vient le temps d'évaluer l'impact de l'alimentation bio sur la santé.
Les chercheurs semblent toutefois s'entendre sur le fait que les aliments cultivés biologiquement contiennent moins de résidus de pesticides que ceux cultivés avec des méthodes conventionnelles, le risque de contamination étant diminué par 32 % pour un aliment bio. Par conséquent, seulement 7 % des produits bio renferment des résidus de pesticides alors qu'on parle plutôt de 38 % pour les aliments conventionnels. Si ces données encouragent la consommation d'aliments bio, il est toutefois bon de savoir que les niveaux de contaminants mesurés dans les aliments conventionnels demeurent tout de même sous les normes de sécurité établies par les gouvernements.
Un autre aspect à évaluer : ces contaminants sont-ils absorbés par le système digestif de l'enfant? D'après une étude réalisée sur des tout-petits, ceux à qui on demande de manger exclusivement des aliments bio pendant 5 jours connaissent une diminution des niveaux de pesticides détectés dans leur urine. Mettons toutefois ces résultats en perspective. Selon d'autres études, l'utilisation d'insecticides à la maison influence beaucoup plus l'exposition aux contaminants que l'alimentation.
On sait donc que les aliments bio contiennent moins de résidus de pesticides et que les enfants qui en consomment sont légèrement moins exposés à ces contaminants. Toutefois, cela a-t-il un impact sur leur santé?
Pour l'instant, il est impossible de le dire, sauf pour le développement des allergies. Selon deux études, la consommation d'aliments bio n'agit pas sur l'eczéma, la respiration sifflante ou les niveaux d'IgE, les anticorps responsables des allergies.
La seule exception : les produits laitiers bio. Selon les scientifiques, la consommation de lait bio diminuerait le risque d'eczéma à 2 ans. Cet effet pourrait s'expliquer par l'ingestion de microbes non infectieux qui favoriserait le développement d'une bonne flore bactérienne. D'autres experts suggèrent aussi que l'abondance d'antioxydants et de certains acides gras dans les produits bio pourrait protéger les tissus de l'oxydation et de l'inflammation.
Il reste donc encore beaucoup de travail à faire pour bien comprendre l'impact de l'alimentation bio sur la santé des enfants. En attendant, n'oublions pas que ce courant alimentaire est plus qu'une tentative de diminuer les contaminants dans les aliments. C'est aussi une autre façon de voir l'alimentation et la production alimentaire. Les débats sur le sujet ne font que commencer!
Tous les lundis, je réponds à une question des lecteurs sur la périnatalité. Il y a quelque chose que vous auriez toujours aimé savoir concernant la grossesse, l'accouchement, l'allaitement ou le développement de l'enfant? Écrivez-moi à info@mamaneprouvette.com et je tenterai de trouver la réponse. (N'étant pas médecin, il ne m'est pas possible de répondre à des questions médicales sur l'état de santé d'une mère ou d'un bébé. Si vous éprouvez des inquiétudes à ce sujet, contactez plutôt un professionnel de la santé.)
L'offre d'aliments bio est en pleine expansion. Pour les parents, cette nouvelle vision de l'alimentation peut être une source de questions. Bien sûr, ils veulent offrir le meilleur à leur enfant et les protéger de certains contaminants. Cependant, les produits bio sont aussi plus dispendieux. Alors, font-ils réellement une différence sur le développement des tout-petits? La réponse est plus complexe qu'il n'y paraît.
De façon étonnante, il existe très peu d'études sur l'impact de la consommation de nourriture bio sur la santé et celles qu'on trouve ne sont pas de très bonne qualité. D'une part, pour obtenir des éclaircissements, les enfants qui mangent bio devraient être étudiés sur une très longue période de temps. D'autre part, les expérimentateurs devraient s'assurer de bien contrôler l'alimentation des participants à l'étude. Enfin, les scientifiques auraient surtout à s'entendre sur la définition d'un aliment bio.
Règle générale, on dit qu'une culture est bio si l'agriculteur ou l'éleveur évite les fertilisants synthétiques, les pesticides, les régulateurs de croissance et les additifs alimentaires pour le bétail. Il privilégie donc la rotation des cultures, le fumier animal ou végétal, le désherbage manuel et le contrôle biologique des ravageurs. Cependant, au-delà de ces principes de base, les normes de culture biologique varient d'un pays à l'autre et les études les définissent mal.
L'interprétation des résultats s'avère alors ardue lorsque vient le temps d'évaluer l'impact de l'alimentation bio sur la santé.
Les chercheurs semblent toutefois s'entendre sur le fait que les aliments cultivés biologiquement contiennent moins de résidus de pesticides que ceux cultivés avec des méthodes conventionnelles, le risque de contamination étant diminué par 32 % pour un aliment bio. Par conséquent, seulement 7 % des produits bio renferment des résidus de pesticides alors qu'on parle plutôt de 38 % pour les aliments conventionnels. Si ces données encouragent la consommation d'aliments bio, il est toutefois bon de savoir que les niveaux de contaminants mesurés dans les aliments conventionnels demeurent tout de même sous les normes de sécurité établies par les gouvernements.
Un autre aspect à évaluer : ces contaminants sont-ils absorbés par le système digestif de l'enfant? D'après une étude réalisée sur des tout-petits, ceux à qui on demande de manger exclusivement des aliments bio pendant 5 jours connaissent une diminution des niveaux de pesticides détectés dans leur urine. Mettons toutefois ces résultats en perspective. Selon d'autres études, l'utilisation d'insecticides à la maison influence beaucoup plus l'exposition aux contaminants que l'alimentation.
On sait donc que les aliments bio contiennent moins de résidus de pesticides et que les enfants qui en consomment sont légèrement moins exposés à ces contaminants. Toutefois, cela a-t-il un impact sur leur santé?
Pour l'instant, il est impossible de le dire, sauf pour le développement des allergies. Selon deux études, la consommation d'aliments bio n'agit pas sur l'eczéma, la respiration sifflante ou les niveaux d'IgE, les anticorps responsables des allergies.
La seule exception : les produits laitiers bio. Selon les scientifiques, la consommation de lait bio diminuerait le risque d'eczéma à 2 ans. Cet effet pourrait s'expliquer par l'ingestion de microbes non infectieux qui favoriserait le développement d'une bonne flore bactérienne. D'autres experts suggèrent aussi que l'abondance d'antioxydants et de certains acides gras dans les produits bio pourrait protéger les tissus de l'oxydation et de l'inflammation.
Il reste donc encore beaucoup de travail à faire pour bien comprendre l'impact de l'alimentation bio sur la santé des enfants. En attendant, n'oublions pas que ce courant alimentaire est plus qu'une tentative de diminuer les contaminants dans les aliments. C'est aussi une autre façon de voir l'alimentation et la production alimentaire. Les débats sur le sujet ne font que commencer!
Tous les lundis, je réponds à une question des lecteurs sur la périnatalité. Il y a quelque chose que vous auriez toujours aimé savoir concernant la grossesse, l'accouchement, l'allaitement ou le développement de l'enfant? Écrivez-moi à info@mamaneprouvette.com et je tenterai de trouver la réponse. (N'étant pas médecin, il ne m'est pas possible de répondre à des questions médicales sur l'état de santé d'une mère ou d'un bébé. Si vous éprouvez des inquiétudes à ce sujet, contactez plutôt un professionnel de la santé.)
Références :
Williams CM. Nutritional quality of organic food: shades of grey or shades of green? Proc Nutr Soc. 2002 Feb;61(1):19-24.
Smith-Spangler C, Brandeau ML, Hunter GE, Bavinger JC, Pearson M,
Eschbach PJ, Sundaram V, Liu H, Schirmer P, Stave C, Olkin I, Bravata
DM. (2012) Are organic foods safer or healthier than conventional alternatives?: a systematic review. Ann Intern Med. 2012 Sep 4;157(5):348-66. doi: 10.7326/0003-4819-157-5-201209040-00007.
Kummeling I, Thijs C, Huber M, van de Vijver LP, Snijders BE, Penders J, Stelma F, van Ree R, van den Brandt PA, Dagnelie PC. Consumption of organic foods and risk of atopic disease during the first 2 years of life in the Netherlands. Br J Nutr. 2008 Mar;99(3):598-605. Epub 2007 Aug 29.