par Bianca Pomerleau, Accompagnante à la naissance et postpartum certifiée CBI, Éducatrice prénatale, Co-Naissance.
Ceux et celles qui choisissent de faire appel aux services d’une accompagnante à la naissance sont de plus en plus nombreux au Québec. On en vante beaucoup les bénéfices, mais qu’en est-il vraiment?
Depuis l'étude de Klaus, Phyllis & Klaus (1) qui concluait que le support en continu par une professionnelle durant le travail et l'accouchement rapportait d'importants bénéfices, plusieurs études de moins grandes envergures ont rapporté, elles aussi, l'existence d'avantages non négligeables.
En effet, l’étude de Klaus, Phyllis & Klaus, rapportait une diminution de recours à la péridurale (60%), d’utilisation des forceps (30%), des césariennes (50%, de la durée totale du travail (35%) et de l’utilisation d’hormones de synthèse (40%). Plusieurs études démontrent des résultats similaires.(2,3,4,5)
L'étude plus récemment parue (2011) dans la Cochrane Library (6,7) est la plus complète et élargie qui ait été réalisée dans le domaine. Cette étude résume les résultats de 21 essais randomisés, impliquant au total 15,061 femmes. Ses résultats sont d’autant plus concluants. Les femmes ayant reçu le support en continu d’une accompagnante à la naissance professionnelle étaient aussi plus enclines à donner naissance spontanément (sans extraction instrumentale) et à avoir un travail plus court. Une diminution de la fréquence des scores d’APGAR faibles à 5 minutes de vie et une augmentation de la satisfaction de l’accouchement durant aussi observées.
Les chercheurs, suite à cette analyse, ont conclu que «le support lors du travail et de l'accouchement en continu devrait être la norme, plus que l'exception. Les décideurs des politiques médicales devraient considérer rendre l'accompagnement continu durant la naissance un service couvert (par les assurances), […], les bénéfices de l'accompagnement à la naissance ont tendance à être supérieurs avec des accompagnantes qui ne font pas partie de l'équipe hospitalière, qu'avec ceux faisant partie du personnel hospitalier. » (8)
Le dernier rapport de l’INESSS (Institut National d’Excellence en Santé et Services Sociaux) paru en septembre 2012 va dans le même sens et apporte un point intéressant. “Sur le type d’accompagnant, l’analyse conclut à une plus grande efficacité du soutien lorsqu’il n’est pas fourni par un membre de l’équipe hospitalière ou par une personne appartenant au réseau social de la femme.” (9)
Au final, ces résultats semblent démontrer que l’accompagnement à la naissance, en diminuant le recours à certaines interventions obstétricales et en augmentant la satisfaction générale autour de l’accouchement et de toute la période périnatale, peut être un outil de grand intérêt tant pour le système de santé que pour les futurs parents.
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On estime à environ 300 le nombre d’accompagnantes actives dans la province. Le 15 juin dernier, a vu le jour sous le nom de l’A.Q.A.N, la toute première association québécoise des accompagnantes à la naissance. Parmi les buts de l’association : représentation officielle auprès du public et des professionnels de la santé, réalisation d’un code d’éthique, uniformisation des formations. Les services d’une accompagnante à la naissance coûtent en moyenne entre 300$ et 1000$ et certaines offrent des reçus pour assurances.
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Après avoir complété des études en éducation, en musique, puis en langues étrangères, en plus d'être conférencière-voyage à ses heures, Bianca consacre sa vie depuis quelques années, à une cinquième passion : la périnatalité. Elle est accompagnante à la naissance et accompagnante postpartum certifiée. Fondatrice et coordonatrice de Co-Naissance, chroniqueuse et conférencière, et impliquée au niveau communautaire dans le domaine de l'allaitement, elle fait partie d’une équipe d’accompagnantes réparties dans 9 régions du Québec. Elle porte un intérêt particulier à tout ce qui touche de près ou de loin l'accès à une information complète et impartiale en périnatalité, aux données probantes, ainsi qu'au concept de choix éclairé. Elle accompagne principalement en milieu hospitalier, mais aussi en maison de naissance et à domicile à l’occasion, dans les régions de Québec et Chaudières-Appalaches.
Références:
1) Klaus, Marshall H., John Kennel et Phyllis Klaus. Mothering the Mother: How a Doula Can Help You Have a Shorter, Easier, and Healthier Birth. Reading, Massachusetts: Addison-Wesley Publishing House, 1993
2) Scott KD, Berkowitz G, Klaus M. A comparison of intermittent and continuous support during labor: a meta-analysis. Am J Obstet Gynecol. 1999
3) McGrath SK, Kennell JH. A randomized controlled trial of continuous labor support for middle-class couples: effect on cesarean delivery rates. Birth. 2008 Jun; 35(2):92-7.
(4) Langer A, Campero L, Garcia C, Reynoso S. Effects of psychosocial support during labour and childbirth on breastfeeding, medical interventions, and mothers' wellbeing in a Mexican public hospital: a randomised clinical trial. Br J Obstet Gynaecol. 1998 Oct; 105(10):1056-63.
(5) Kennell J, Klaus M, McGrath S, Robertson S, Hinkley C. Continuous emotional support during labor in a US hospital. A randomized controlled trial. JAMA. 1991 May 1; 265(17):2197-201.
(6) Hodnett ED, Gates S, Hofmeyr GJ, Sakala C. Continuous support for women during childbirth (Cochrane Review). In: The Cochrane Library, Issue 3, 2003. Oxford: Update Software.
(7) Hodnett ED, Gates S, Hofmeyr GJ, Sakala C, Weston J. Continuous support for women during childbirth. Cochrane Database Syst Rev. 2011 Feb 16;(2):CD003766. doi: 10.1002/14651858.CD003766.pub3.
8) (1)
9) Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS). Mesures prometteuses pour diminuer le recours aux interventions obstétricales évitables pour les femmes à faible risque. Avis préparé par Michel Rossignol, Faiza Boughrassa et Jean-Marie Moutquin. ETMIS 2012;8(14):1-134