Aujourd'hui, je réponds à la question de Patricia Gagné: "Quelles sont les causes possibles d'un retard de croissance intra-utérin"?
Normalement, la taille d'un foetus est déterminée d'une part par sa génétique et, d'autre part, par le nombre de semaines de grossesse. Lorsqu'un bébé est significativement plus petit que la taille à laquelle on s'attend pour son âge gestationnel, on parle de retard de croissance intra-utérin. Selon les définitions, les bébés atteints ont un poids foetal 10 % plus bas que le poids attendu ou ils sont plus petits que 95 % des bébés en santé à cet âge.
Le retard de croissance intra-utérin peut avoir des conséquences graves pour le foetus. Il augmente en effet les risques de mort foetale et d'handicaps. Il peut aussi avoir des impacts à long terme. Par exemple, les enfants ayant souffert d'un retard de croissance intra-utérin développent plus souvent la paralysie cérébrale. Ils peuvent aussi être affectés par des maladies chroniques à l'âge adulte comme le diabète de type 2, la haute pression, les problèmes cardiovasculaires et les maladies rénales.
Pour cette raison, il est important de connaître les causes possibles d'un tel retard de croissance afin de le prévenir et de le traiter.
Tout d'abord, certaines caractéristiques du bébé peuvent le rendre plus susceptible de développer un retard de croissance intra-utérin. C'est le cas des bébés souffrant de trisomie 13, 18 ou 21 de même que ceux avec des malformations congénitales. De plus, si le bébé est infecté par certains virus (comme celui de la rubéole, de la toxoplasmose, de l'herpès ou comme le cytomégalovirus), il est aussi plus à risque. C'est aussi le cas des jumeaux et des triplés.
Ensuite, certaines conditions chez la mère comme la pré-éclampsie, le diabète et les maladies vasculaires, cardiaques ou respiratoires sont associées à un retard de croissance intra-utérin. Le tabagisme et la malnutrition peuvent aussi nuire à une croissance optimale.
En fait, il semblerait que plusieurs de ces facteurs de risques agissent en interférant avec le bon développement du placenta.
Lors d'une grossesse normale, les cellules qui formeront le placenta envahissent la paroi de l'utérus ce qui permet de développer un réseau d'échange entre le système de la mère et celui du bébé. C'est de cette façon que la mère pourra fournir à son bébé tous les nutriments nécessaires à sa croissance. Parmi les substances qui doivent être transportées vers le bébé, on retrouve entre autres des hormones, des facteurs de croissance, des molécules du système immunitaire et des acides aminés nécessaires à la fabrication des protéines.
Lorsque ce réseau de transport est défectueux ou que le transport spécifique de certaines molécules est affecté, le bébé ne peut plus se développer adéquatement et le retard de croissance s'installe. Par ailleurs, pendant la grossesse, il est fréquent que certaines portions du placenta soient endommagées par des molécules toxiques appelées radicaux libres. Si la réparation de ces bris n'est pas assez rapide, le bon fonctionnement du placenta est affecté avec les conséquences qu'on connaît.
Lorsqu'un diagnostic de retard de croissance intra-utérin est établi, la première chose à faire est de tenter d'en éliminer la cause. Par exemple, on s'assurera que la mère est bien nourrie ou on l'aidera à cesser le tabagisme. Si on croit qu'une infection est en cause, on la traitera.
Cependant, dans certains cas, il n'est pas possible d'éliminer la cause, en particulier si le fonctionnement du placenta est très affecté. Il faudra alors évaluer s'il est préférable de déclencher l'accouchement. Pour prendre une décision, les médecins se fient habituellement à l'état du foetus. Lorsque la grossesse a atteint 37 semaines, l'accouchement est généralement favorisé car les risques de poursuivre la grossesse dépassent les avantages. Cependant, avant 34 semaines, la décision est beaucoup plus difficile à prendre.
Le retard de croissance intra-utérin peut donc avoir plusieurs causes. Si certaines comme le tabagisme sont évitables, d'autres sont difficilement contrôlables. Heureusement, de nouveaux moyens de détections sont de plus en plus étudiés pour pouvoir agir rapidement en cas de besoin.
Tous les lundis, je réponds à une question des lecteurs sur la périnatalité. Il y a quelque chose que vous auriez toujours aimé savoir concernant la grossesse, l'accouchement, l'allaitement ou le développement de l'enfant? Écrivez-moi à info@mamaneprouvette.com et je tenterai de trouver la réponse.
Références:
Scifres CM, Nelson DM. (2009) Intrauterine growth restriction, human placental development and trophoblast cell death. J Physiol. 15;587(Pt 14):3453-8. doi: 10.1113/jphysiol.2009.173252. Epub 2009 May 18.
Bamfo JE, Odibo AO. (2011) Diagnosis and management of fetal growth restriction. J Pregnancy. 640715. doi: 10.1155/2011/640715. Epub 2011 Apr 13.
Avagliano L, Garò C, Marconi AM. (2012) Placental amino acids transport in intrauterine growth restriction. J Pregnancy. 2012;2012:972562. Epub 2012 Jul 11.