27 mai 2013

Question de la semaine: Les glandes de Montgomery sont-elles un outil de communication?

Aujourd'hui, j'aborde un sujet proposé par Louise Bonneau: le rôle des glandes de Montgomery dans la communication entre une mère et son bébé.

Les glandes de Montgomery sont de petites bosses distribuées autour de l'aréole et qui deviennent plus volumineuses pendant la grossesse. Elles sont composées d'une glande sébacée (produisant du sébum) et d'une glande mammaire complète et fonctionnelle. On en retrouve en moyenne 8 à 9 par sein et on sait qu'elles jouent un rôle de lubrification et de protection du mamelon. De plus, en modifiant le pH de la peau, elles diminuent le nombre de bactéries s'y trouvant. Cependant, dans les dernières années, on a leur a découvert un nouveau rôle: un outil de communication entre la mère et son bébé.
Comme une femme sur 5 rapporte avoir déjà vu des sécrétions s'échapper des glandes de Montgomery, on croit donc que celles-ci permettraient au corps de la mère de communiquer avec le bébé via les odeurs.

On sait déjà que les odeurs peuvent avoir un impact sur le comportement du bébé. Par exemple, l'exposition du nourrisson à l'odeur du sein diminue l'état de veille chez les bébés agités et l'augmente chez les bébés somnolents. Elle favorise aussi les mouvements de tête, les activités associées à l'appétit et pourrait stimuler le bébé à ramper en direction du sein.

Par ailleurs, les bébés se comportent différemment selon qu'on les expose à un sein entièrement recouvert d'une pellicule plastique (ce qui a pour effet de bloquer les odeurs), à un sein dont uniquement le mamelon est découvert, à un sein dont l'aréole est découverte ou à un sein complètement découvert. En effet, quand le bébé peut être en contact avec le lait maternel ou les sécrétions aréolaires, il pleure moins, ouvre davantage les yeux et fait davantage de mouvements avec sa bouche.

Fait intéressant, les glandes de Montgomery sont plus nombreuses dans la section supérieure latérale de l'aréole, c'est-à-dire là où se trouve habituellement le nez du bébé. D'ailleurs, chez les bébés de femmes qui ont un nombre plus élevé de glandes de Montgomery, on observe un meilleur gain de poids pendant les trois premiers jours, une meilleure prise du sein et un début plus rapide de la production de lait. En fait, ces glandes seraient impliquées dans le succès de l'allaitement chez les mères d'un premier bébé.

Dans une étude réalisée en 2009, on a administré dans le nez de bébés de 3 jours des sécrétions provenant des glandes de Montgomery de femmes allaitantes. Les chercheurs ont alors remarqué que ces sécrétions étaient plus efficaces que le lait maternel pour augmenter de façon immédiate et durable la durée des mouvements de tête et de bouches. Par ailleurs, les sécrétions augmentaient l'amplitude inspiratoire, un phénomène permettant de mieux inhaler les odeurs. Ces effets étaient observés chez tous les bébés étudiés, ce qui signifie que les bébés reconnaissent cette odeur même sans y avoir été exposé au préalable.
Toutefois, les bébés allaités à qui on a administré ces sécrétions ont expérimenté une diminution du rythme cardiaque suivie d'une accélération. Selon les chercheurs, ce phénomène pourrait être un indice d'une réponse d'orientation chez le bébé allaité. Les glandes de Montgomery pourraient donc servir de stimulation sensorielle pour guider le bébé vers le mamelon, l'aider à bien aligner sa tête et à déclencher une séquence comportementale favorable à la tétée. Par conséquent, cela pourrait expliquer le fait que la présence de glandes de Montgomery contribue à bien stimuler le sein et à favoriser la production de lait, sans compter l'impact possible sur l'attachement et la création du lien mère-enfant.

Enfin, certains experts de l'allaitement comme le Dr. Jack Newman propose que les sécrétions des glandes de Montgomery pourraient même servir à informer le bébé de la quantité de lait se trouvant dans le sein. Cela pourrait expliquer pourquoi certains bébés s'agitent parfois avant même d'avoir commencé à téter. Cependant, selon Benoist Schaal, chercheur dans ce domaine, leur recherche ne permet pas de conclusions de ce genre. (Communication personnelle). Ces hypothèses devront donc  être vérifiées expérimentalement avant qu'on puisse déterminer avec plus de certitudes si elles sont fondées.

Tous les lundis, je réponds à une question des lecteurs sur la périnatalité. Il y a quelque chose que vous auriez toujours aimé savoir concernant la grossesse, l'accouchement, l'allaitement ou le développement de l'enfant? Écrivez-moi à info@mamaneprouvette.com et je tenterai de trouver la réponse.

Références:
Doucet S, Soussignan R, Sagot P, Schaal B. (2012) An overlooked aspect of the human breast: areolar glands in relation with breastfeeding pattern, neonatal weight gain, and the dynamics of lactation. Early Hum Dev. 88(2):119-28. doi: 10.1016/j.earlhumdev.2011.07.020. Epub 2011 Aug 17.

Doucet S, Soussignan R, Sagot P, Schaal B (2009) The Secretion of Areolar (Montgomery's) Glands from Lactating Women Elicits Selective, Unconditional Responses in Neonates. PLoS ONE 4(10): e7579. doi:10.1371/journal.pone.0007579

Doucet S, Soussignan R, Sagot P, Schaal B. (2007) The "smellscape" of mother's breast: effects of odor masking and selective unmasking on neonatal arousal, oral, and visual responses. Dev Psychobiol. 49(2):129-38.
Lawrence, R. A., & Lawrence, R.M. (2005). Breastfeeding: A Guide for the Medical Profession (6th ed.). Philadelphie : Elsevier Mosby.

Mohrbacher, N. (2010) Breastfeeding Answers Made Simple. Amarillo: Hale Publishing.

Riordan, J., & Wambach, K. (2010). Breastfeeding and Human Lactation (4th ed.). Sudbury: Jones and Bartlett.

Walker, Marsha (2010-09-15). Breastfeeding Management For The Clinician: Using The Evidence (Kindle Locations 3029-3030). Jones & Bartlett Learning. Kindle Edition.

Newman, Jack. (2013). Les normes du bébé allaité. Conférence présentée dans le cadre des Conférences en périnatalité et allaitement organisées par la Maison de la famille Drummond, le 22 avril 2013.