Récemment, François Legault s'indignait qu'on investisse de l'argent dans l'ouverture d'une maison de naissance alors que, selon lui, cette somme serait bien mieux investie ailleurs. Le chef de la CAQ est sans contredit mal informé puisque le suivi sage-femme est en fait une bonne façon de réduire les coûts d'un accouchement. De la même façon, investir pour garantir l'accessibilité aux services d'une accompagnante à la naissance permet aussi de faire des économies en santé. C'est du moins ce que proposent des chercheurs du Minnesota dans un article publié dans le American Journal of Public Health.
Aux États-Unis, les femmes provenant de milieux défavorisés peuvent avoir un suivi de grossesse et un accouchement pris en charge par le programme Medicaid. C'est dans le cadre de ce programme que 1079 femmes ont pu bénéficier du support continu d'une accompagnante pendant leur travail. Il a alors été possible de comparer le taux de césarienne chez ces femmes avec celui de femmes ayant reçu une couverture Medicaid classique, c'est-à-dire ne comprenant pas les services d'une accompagnante à la naissance.
Les chercheurs ont ainsi constaté que les femmes accompagnées par une doula avaient un taux de césarienne de 22,3 %, c'est-à-dire nettement inférieur à celui de l'autre groupe qui se situait à 31,5%. Il s'agit donc d'une réduction de 40,9 % du risque de césarienne.
Selon les auteurs, ces résultats confirment ce que plusieurs autres études de qualité ont déjà démontré: l'accompagnement continu pendant le travail a des bénéfices cliniques qui vont de la diminution des césariennes et des naissances instrumentalisées à l'augmentation de la satisfaction de la mère. Elle démontre aussi que ces effets bénéfiques s'appliquent autant aux femmes provenant de milieux défavorisés qu'à celles plus aisées, qui sont les clientes habituelles des accompagnantes.
De plus, en tenant compte du fait que les coûts d'une césarienne sont beaucoup plus élevés que ceux d'un accouchement vaginal, les auteurs de l'étude croient que l'accompagnement pourrait être une source d'économies. En effet, grâce à des simulations, les chercheurs ont déterminé que si les services d'une doula étaient couverts systématiquement par le programme Medicaid, chaque état américain pourrait sauver entre 2 et 9 millions par année.
Les conclusions de cette étude sont très intéressantes puisqu'elles prouvent que, contrairement à ce que M. Legault peut en penser, l'humanisation des naissances est l'affaire de tous et ne profite pas qu'aux futures mères. Elle a aussi le mérite de contribuer à la reconnaissance de la profession d'accompagnante ce qui est en soi, une très bonne nouvelle.
Espérons donc que cette recherche aura des échos dans les bureaux du Ministère de la santé et des services sociaux. Qui sait? Peut-être que les services d'une accompagnante pourront être couverts un jour par la Régie de l'assurance-maladie du Québec.
Pour en savoir plus sur le système de santé et la périnatalité:
Les impacts des "baby bonus"
Le coût des accouchements
Référence:
Kozhimannil KB, Hardeman RR, Attanasio LB, Blauer-Peterson C, O'Brien M. (2013) Doula care, birth outcomes, and costs among medicaid beneficiaries. Am J Public Health. 103(4):e113-21. doi: 10.2105/AJPH.2012.301201. Epub 2013 Feb 14