À la fin d'un accouchement, une sage-femme doit examiner le placenta pour s'assurer qu'il est intact. On peut alors remarquer que cet organe, véritable nid pour le bébé, ressemble à s'y méprendre à un arbre où le cordon forme le tronc et les irrégularités du placenta le feuillage. C'est sur cette image d'une grande poésie que s'ouvre le film L'arbre et le nid de la réalisatrice Valérie Pouyanne auquel j'ai eu la chance d'assister en ce 8 mars, journée internationale de la femme, grâce à l'invitation du Regroupement Naissance-Renaissance.
On n'aurait d'ailleurs pas pu choisir une meilleure journée pour la première de ce film puisqu'il s'agit d'une réflexion sur la situation des accouchements au Québec. Comme on l'a dit sur plusieurs tribunes, le droit d'une femme de choisir la façon dont elle accouchera est en effet au coeur des revendications féministes.
Malheureusement, au Québec, plusieurs femmes n'ont pas cette chance. Si 25 % des femmes souhaitent accoucher en maison de naissance, seulement 2 % y parviennent. De plus, on peut supposer que la méconnaissance et les mythes entourant le métier de sage-femme empêchent bien des femmes de faire un choix réellement éclairé. En effet, comme le mentionne Christiane Léonard, sage-femme, pour faire un tel choix, il faut être informée.
Par exemple, nombre de gens croient encore que l'accouchement à domicile ou en maison de naissance est risqué alors que ce n'est pas le cas pour les grossesses à faibles risques comme le souligne Guy-Paul Gagné, gynécologue. Nous sommes donc dans une situation où la quasi-totalité des femmes accouchent à l'hôpital et y vivent les nombreuses interventions qui y sont associées.
D'après Jean Zegby, omnipraticien, spécialiste de soins palliatifs et président de l'association canadienne des médecins pour l'environnement, ce constat viendrait du fait que les médecins sont d'abord et avant tout formés pour agir lorsqu'un accouchement se complique. Ils voient donc l'accouchement comme un évènement qui peut mal tourner à tout moment. Dans un tel contexte, le médecin se sent obliger d'intervenir car il a davantage de risques d'être blâmé s'il ne fait rien et que quelque chose tourne mal que s'il intervient inutilement et que cela crée des complications.
Tous les intervenants du film s'entendent donc pour dire qu'il faut absolument revenir à une vision physiologique et normale de l'accouchement. Selon Michel Odent, gynécologue, chercheur et auteur, cela est impératif si on ne veut pas que, d'ici quelques générations, la césarienne soit la façon normale de mettre des bébés au monde. Enfin, comme celui-ci le mentionne, il s'agit d'une réflexion importante non seulement pour les intervenants en périnatalité mais pour tous ceux qui s'intéressent à l'avenir de l'humanité.
L'arbre et le nid est donc un film exceptionnel et nécessaire. En plus de nous faire voir des images magnifiques de l'accouchement naturel, il offre de nombreuses pistes de réflexions sur la façon de vivre l'accouchement au Québec. Il s'agit d'un film qui devrait être vu par tous ceux qui s'intéressent au droit des femmes de vivre l'accouchement qu'elles désirent.
Pour visiter le site officiel du film: http://www.arbre-et-nid.com/