Selon
l'Organisation mondiale de la santé "l’allaitement exclusif au sein est
recommandé jusqu’à l’âge de six mois. De six mois à deux ans, voire plus,
l’allaitement doit être complété par une autre alimentation." Toutefois,
si on ne suit pas à la lettre cette recommandation, notre enfant bénéficiera-t-il
quand même des propriétés du lait maternel?
Pour
répondre à cette question, il faut d'abord se rappeler que l'allaitement est la
façon d'être nourri attendue par le bébé et que toute autre forme
d'alimentation diminue les capacités de l'enfant à développer son plein
potentiel de santé. Par contre, ce potentiel de santé peut varier d'un enfant à
l'autre en fonction de plusieurs autres facteurs et c'est l'ensemble de ces
facteurs qui déterminera si l'enfant sera malade ou non.
En
d'autres termes, il faut comprendre ce que signifient réellement les
recommandations sur l'allaitement. En effet, comme toutes les autres
recommandations sur la nutrition, celles sur l'allaitement ne sont pas des
règles absolues qui, si elles sont suivies, garantissent la santé. De la même
façon, le fait de ne pas suivre à la lettre ces recommandations ne condamnent
pas automatiquement un bébé à développer des infections ou des maladies
chroniques.
Pour
ces raisons, il est impossible d'établir une quantité précise de lait maternel
qui protègerait complètement un enfant contre les maladies même si on sait que
le nombre de cas d'infections et de maladies chroniques au sein de la
population diminuerait si tous les bébés étaient allaités comme le recommande
l'OMS.
L'effet dose-réponse de l'allaitement
On
sait toutefois que la qualité de la protection fournie par l'allaitement dépend
de la quantité de lait que le bébé reçoit. Cela signifie que plus la quantité
de lait est grande, plus la protection l'est aussi. Par exemple, une étude
réalisée au Bangladesh a démontré que les enfants allaités partiellement
avaient plus de risque de développer une diarrhée que ceux allaités
exclusivement.
Par
contre, le lait humain est toujours protecteur même si l'enfant reçoit des suppléments.
En d'autres termes, un allaitement partiel est préférable à l'absence totale
d'allaitement. De plus, cette protection, même partielle, sera spécifique aux
microbes qui se trouvent dans l'environnement de la mère et du bébé,
c'est-à-dire à ceux que le bébé a le plus de risques de rencontrer.
Notons
que dans une étude datant de 1999, des chercheurs ont comparé cinq différentes
doses de lait maternel et leur effet sur la fréquence de certaines infections.
Les cinq groupes analysés étaient les suivants: exclusif, prédominant (plus de
lait maternel que de substituts du lait maternel), égal (autant de lait
maternel que de substituts), moindre (moins de lait maternel que de substituts)
et aucun.
Bien
entendu, en comparaison avec les enfants du groupe aucun allaitement, les
enfants du groupe allaitement exclusif avaient moins de risque de diarrhée, de
toux, de respiration sifflante, de vomissements de même qu'un nombre moindre de
maladies par mois et de visites médicales. Par ailleurs, les chercheurs ont
remarqué que les bébés des groupes allaitement prédominant ou égal avaient eux
aussi moins de risques de développer de la toux ou une respiration sifflante.
Ces bébés avaient également moins de risques de développer des otites, mais
seulement s'ils n'avaient pas de frères et soeurs. Enfin, les chercheurs n'ont
pas remarqué de réduction des risques de maladies chez les bébés du groupe
allaitement moindre.
Les
chercheurs concluent donc qu'il semble y avoir un seuil minimal pour que le
bébé puisse bénéficier de l'immunité conférer par les anticorps se trouvant
dans le lait de sa mère. Un autre mécanisme proposé est que plus l'enfant
reçoit de lait maternel, moins il est exposé aux substituts du lait maternel
qui eux peuvent présenter des risques pour sa santé.
En
conclusion, il n'est pas possible d'établir une quantité minimale de lait
maternel pouvant prémunir un enfant contre les maladies. Par contre, il semble
que même si une plus grande quantité de lait résulte en une meilleure
protection, un allaitement partiel est quand même préférable à l'absence totale
d'allaitement. Toutefois, au-delà des considérations immunitaires, n'oublions
pas que l'allaitement demeure une relation au même titre qu'un câlin ou un
caresse et, qu'à ce titre, il n'est pas nécessaire de le quantifier pour qu'il
soit bénéfique.
Tous les lundis, je réponds à une question des lecteurs sur la périnatalité. Il y a quelque chose que vous auriez toujours aimé savoir concernant la grossesse, l'accouchement, l'allaitement ou le maternage? Écrivez-moi à info@mamaneprouvette.com et je tenterai de trouver la réponse.
Références:
Jacques, Hélène. (2011) Éléments de nutrition. Québec: Université Laval.
Raisler J, Alexander C, O'Campo P. Breast-feeding and infant illness: a dose-response relationship? Am J Public Health. 1999 Jan;89(1):25-30.
Riordan, J., & Wambach, K. (2010). Breastfeeding and Human Lactation (4th ed.). Sudbury: Jones and Bartlett.
Site de l'Organisation mondiale de la santé, consulté le 3 novembre 2012.