Dans
le contexte économique actuel, on assiste à un certain désengagement de l'état
au niveau des soins de santé ce qui mène à une marchandisation de ceux-ci. Ce
constat semble également être vrai au niveau des soins offerts après l'accouchement. Des
chercheurs de la Colombie-Britannique se sont donc penchés sur le phénomène
pour mieux comprendre comment cela affecte les nouvelles mères.
Selon
ces chercheurs, dans les dernières années, le séjour à l'hôpital suivant
l'accouchement a été considérablement réduit. Malheureusement, cette réduction
n'a pas été accompagnée d'une bonification des soins post-partum dans la
communauté. Ceux-ci ont plutôt été relégués à la famille et aux proches.
Toutefois, les femmes qui ont peu de support dans leur entourage se retrouvent
alors sans ressource.
En
effet, les soins post-nataux offerts par les gouvernements se résument souvent
à une visite de "contrôle" effectuée par des professionnels de
la santé dont le but premier est de s'assurer du bien-être de l'enfant. On
oublie alors souvent la santé et le bien-être de la mère qui est pourtant
essentiel à un bon développement de la relation mère-enfant. On peut donc dire
que les soins post-partum offerts au Canada sont plutôt loin des services
étoffés offerts à la maison dont les mères auraient besoin.
D'ailleurs,
les mères interrogées par les chercheurs ont révélé qu'elles auraient aimé
recevoir plus de support émotionnel et social après la naissance de leur
bébé. De plus, un nombre important de mères moins aisées mentionnent qu'elles
auraient aimé recevoir des soins post-partum qui n'étaient pas disponibles.
Dans la majorité des cas, le principal obstacle à ces soins étaient leur coût.
Dans
cette optique, les chercheurs ont remarqué que pour pallier au manque de soins
post-partum, plusieurs services de soins privés ont fait leur apparition. Ces
professionnelles offrent une variété de services (relevailles, aide à
l'allaitement, soins du bébé, ménage, etc.) très appréciée des nouvelles mères.
Leurs services ont aussi l'avantage d'être flexibles et adaptés à chaque femme.
Un aspect important lorsqu'on sait que plusieurs mères se plaignent d'être
traité comme un numéro et de recevoir très peu de suivi après l'accouchement.
Ces services privés peuvent toutefois être dispendieux et ne sont pas
accessibles à toutes.
À
la lecture de cet article, on constate donc que de moins en moins de soins
post-nataux sont offerts par le service de santé publique. Si les femmes aisées
qui jouissent d'un bon réseau de soutien s'en sortent plutôt bien, ce n'est pas
nécessairement le cas des femmes provenant de milieux défavorisés. On peut donc
s'interroger sur l'équité des soins post-nataux au Canada.
Référence:
Cecilia Benoit, Camille Stengel, Rachel Phillips, Maria Zadoroznyj and Sarah Berry. Privatisation & marketisation of post-birth care: the hidden costs for new mothers. International Journal for Equity in Health 2012, 11:61