La régulation du stress chez le nouveau-né est plutôt complexe et pas encore entièrement comprise. On sait toutefois que certaines substances impliquées dans la régulation du stress se retrouvent dans le lait maternel.
Les bêta-endorphines
Par exemple, après l'accouchement, il y a deux fois plus de
bêta-endorphines dans le colostrum que dans le sang de la mère. Ces molécules ont la capacité de soulager la douleur et de provoquer une sensation de bien-être. La
quantité élevée de bêta-endorphines qu'on retrouve dans le colostrum
servirait à gérer le stress de la naissance et contribuerait à
l'adaptation à la vie post-natale chez le bébé. Par exemple, les femmes qui ont un
accouchement plus stressant ou plus douloureux produisent un lait
contenant davantage de bêta-endorphines, probablement parce que leur
bébé vivra une transition plus difficile.
L'ocytocine
On sait aussi que l'ocytocine produite par la mère se retrouve dans le lait
maternel et que cette hormone y est relativement stable. Elle n'est pas non plus dégradée dans l'estomac du bébé et une
petite portion est donc absorbée par ce dernier.
Par ailleurs, il semble que ce serait l'ocytocine qui serait responsable en partie de l'état de calme que
certaines mères rapportent pendant une tétée. Chez les animaux, on sait que l'ocytocine provoque de la
somnolence, diminue la pression sanguine et diminue les taux de
corticostéroïdes, les hormones du stress. Des études
chez l'humain ont aussi démontré que l'ocytocine permet d'atténuer le
stress et de diminuer l'anxiété. On croit en fait que l'ocytocine empêcherait
l'activation de la réponse au stress par l'hypothalamus, l'hypophyse et
les glandes surrénales. Les femmes
allaitantes seraient donc moins sensibles au stress et à la douleur. Chez celles-ci, la réponse hormonale
de stress est d'ailleurs supprimée si une tétée a lieu 30 à 60 minutes avant
l'exposition au stress.
Bien sûr, le bébé n'est pas exposé à l'ocytocine de la
même manière que la mère et on croit que la majorité de l'ocytocine se
trouvant dans son sang est produite par le bébé lui-même. De plus l'ocytocine dans le sang ne peut pas traverser la barrière du cerveau et le bébé doit donc produire lui-même de l'ocytocine pour connaître les impacts sur le système nerveux. Par contre, il ne faut pas oublier que l'interaction entre la mère et l'enfant pendant la tétée doit aussi
stimuler le bébé à produire sa propre ocytocine.
La prolactine
La prolactine est aussi présente dans le lait maternel, en particulier dans le lait de transition et dans le lait de début de tétée. Des études semblent démontrer que lorsque la prolactine se retrouve dans le cerveau, elle aurait un effet anti-stress et anti-anxiété en agissant aussi sur l'hypothalamus, l'hypophyse et les glandes surrénales, de la même façon que l'ocytocine.
En conclusion, bien qu'il n'existe pas d'études décrivant des mécanismes précis par lesquels l'allaitement réduirait le stress chez le bébé, la composition du lait maternel nous laisse supposer que ceux-ci existent pour aider le bébé à vivre une transition plus agréable dans sa nouvelle vie.
Tous les lundis, je réponds à une question des lecteurs sur la périnatalité. Il y a quelque chose que vous auriez toujours aimé savoir concernant la grossesse, l'accouchement, l'allaitement ou le maternage? Écrivez-moi à info@mamaneprouvette.com et je tenterai de trouver la réponse.
Références:
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