On estime que 100 trillions de bactéries habitent l'intestin humain. Aussi surprenant que cela puisse paraître, leur présence constitue un avantage puisque ces microorganismes nous aident à digérer certaines substances, nous fournissent des acides gras essentiels et des vitamines et ce tout en empêchant les bactéries pathogènes de s'installer dans notre système digestif. En fait, lorsque cette flore est anormale, un individu peut alors développer des problèmes de santé comme des maladies immunologiques (colite ulcéreuse, maladie de Crohn) ou certaines réactions allergiques.
Bacteroides fragilis |
Puisqu'à sa venue au monde, l'intestin du bébé est exempt de tout microorganisme, les conditions dans lesquelles le bébé vivra ses premiers jours auront un impact important sur la colonisation de son intestin. On l'a vu dans un billet précédent, le type d'accouchement influencera la diversité de la flore microbienne. De la même façon, l'alimentation du nourrisson aura un impact sur le type de bactéries qui coloniseront son intestin.
C'est d'ailleurs en étudiant l'établissement de la flore intestinale
chez des bébés nés vaginalement et allaités exclusivement que l'on peut
déterminer quelles sont les bactéries que l'on devrait normalement
retrouver dans le système digestif de l'enfant si l'on veut diminuer les
risques d'infection ou de maladie immunologique.
On remarque ainsi que le nombre de bactéries présentes dans l'intestin du bébé atteint rapidement le même niveau que chez la mère pour ensuite se stabiliser. La densité maximale de bactéries seraient donc atteinte dès le quatrième jour suivant la naissance.
Bifidobacterium |
Au départ, ce sont les bactéries du genre Bifidobacterium qui s'installent créant ainsi un environnement favorable aux autres types qui suivront. Chez certains nouveau-nés, on rencontrera aussi le genre Bacteroides. Notons que plus le nombre de Bifidobacterium sera élevé, moins il y aura par la suite de Bacteroides. On retrouve aussi des bactéries du genre Staphylococcus et du genre Streptococcus. Par la suite, la population microbienne continuera de se diversifier lentement, et ce jusqu'au sevrage. À titre indicatif, les bébés nourris aux préparations commerciales, eux, seront colonisés
par une grande diversité de bactéries, provenant des genres
Enterobacteriaceae, Enterococcus et Bacteroides.
Par ailleurs, les études démontrent que même chez les enfants allaités, il y a des différences d'un nourrisson à l'autre. Cela pourrait s'expliquer, d'une part, par les différences dans la flore vaginale microbienne de leur mère mais aussi par les variations dans la composition du lait de chaque mère, notamment au niveau des oligosaccharides et des lipides. Ces différences individuelles pourraient expliquer que certains enfants sont plus susceptibles que d'autres à certaines conditions associées à une inflammation de l'intestin.
Ces connaissances sont importantes puisqu'elles nous permettent d'établir à quoi devrait ressembler la flore intestinale d'un bébé en santé. En se servant de ces données comme point de comparaison, on peut donc mieux évaluer l'impact de l'utilisation des préparations commerciales et des méthodes alternatives d'alimentation sur la santé des nourrissons.
Référence:
(2012)
New Insights in Gut Microbiota Establishment in Healthy Breast Fed Neonates.
PLoS ONE 7(8):
e44595.
doi:10.1371/journal.pone.0044595