27 juillet 2012

Les risques du partage du lit ou pourquoi il faut lire attentivement les nouvelles études

Le sujet du partage du lit avec son bébé est très controversé. Ainsi, Santé Canada continue de proscrire cet arrangement de sommeil alors que d'autres pays, comme l'Espagne, suggèrent que le partage du lit serait bénéfique pour la poursuite de l'allaitement.

Source: UNICEF-UK Baby friendly initiative. (2005)
Une nouvelle étude parue dans le journal Pediatrics risque de continuer d'alimenter le débat. En effet, des chercheurs de la Nouvelle-Zélande ont étudié les risques respiratoires associés au partage du lit.

Pour ce faire, l'équipe de recherche a comparé les taux de désaturation en oxygène et le nombre d'évènements de réinhalation du CO2 chez des bébés dormant dans une couchette et chez des bébés dormant avec au moins un parent.

Notons d'abord que la désaturation est la diminution de la quantité d'oxygène dans le sang. Lorsque moins de 90% de l'hémoglobine sanguine transporte de l'oxygène, les tissus ne peuvent plus fonctionner de façon optimale. Par ailleurs, la réinhalation a lieu lorsque la quantité d'oxygène n'est pas suffisante dans l'environnement et que le bébé respire une deuxième fois le CO2 qu'il vient d'expirer.

Les chercheurs ont donc remarqué que les bébés partageant le lit d'un adulte connaissaient davantage d'évènements de désaturation ou de réinhalation du CO2 que les bébés dormant dans une couchette. À première vue, il semble donc que le partage du lit rend les bébés plus à risque de vivre des difficultés respiratoires et les chercheurs s'interrogent sur l'effet pour les jeunes bébés de ce manque d'oxygène répété.

Toutefois, lorsqu'on lit plus attentivement les données principales de l'article, on note deux choses. D'une part, les chercheurs ont remarqué que les évènements de désaturation en oxygène était majoritairement associés à une température plus élevée lors du partage du lit. D'autre part, presque tous les épisodes de réinhalation ont eu lieu lorsque le bébé s'est retrouvé la tête sous les couvertures.

Alors, que nous apprend cet article en fait? Que lors du partage du lit, un environnement trop chaud et la présence de couvertures rendent le bébé à risque de difficultés respiratoires. Ces informations sont toutefois bien connues et les partisans du partage du lit recommandent depuis longtemps d'observer certaines règles de sécurité de base lorsqu'un parent choisit de dormir avec son enfant. (À ce sujet, le dépliant de l'UNICEF-UK est une très bonne référence.) En fait, pour vraiment savoir s'il y a des dangers à pratiquer le partage du lit, les chercheurs auraient dû s'assurer que les sujets de leur étude avaient des habitudes de sommeil sécuritaires.

Espérons donc que cette nouvelle étude sera une occasion de sensibiliser le monde médical à l'importance d'éduquer les parents sur les façons sécuritaires de dormir avec leur enfant et non pas une condamnation de plus de cette pratique.


Référence:
Sally A. Baddock, Barbara C. Galland, David P.G. Bolton, Sheila M. Williams, and Barry J. Taylor. (2012) Hypoxic and Hypercapnic Events in Young Infants During Bed-sharing. Pediatrics peds.2011-3390; published ahead of print July 16, 2012, doi:10.1542/peds.2011-3390