22 juin 2012

L'impact du type d'accouchement sur la flore microbienne du nouveau-né

Lorsqu'un bébé vient au monde, il est complètement stérile. En effet, l'utérus est un château fort qui protège avec brio le foetus des microbes provenant du monde extérieur. Ce n'est donc qu'au moment de la naissance que la flore microbienne pourra s'installer sur le corps du bébé, suite au contact de sa mère et du personnel médical présent lors de l'accouchement. (Comme le fait remarquer une lectrice dans les commentaires, de plus en plus d'études remettent en question l'idée que le bébé est stérile à la naissance. Pour plus de détails, on peut consulter l'article suivant : Mom Knows Best: The Universality of Maternal Microbial Transmission. Malgré ces nouvelles connaissances, le type d'accouchement demeure un facteur important dans l'établissement de la flore bactérienne du nouveau-né. 29 décembre 2013)
Cellules épithéliales du vagin en présence de Lactobacillus



On sait depuis quelques temps déjà que si un bébé naît par césarienne, les bactéries qui le "coloniseront" seront différentes. Toutefois, on connait encore mal la composition de la flore bactérienne associée à chaque type d'accouchement.

Par ailleurs, on ne sait pas non plus si tout le corps du bébé sera affecté. En effet, chez l'adulte, la population bactérienne est très différente selon la partie du corps où on se trouve. Par exemple, la salive est peuplée par des microorganismes particuliers qui n'ont rien à voir avec les microbes du vagin ou de la peau. Est-ce aussi le cas chez le nourrisson?

Des chercheurs américains ont donc entrepris un recensement des différentes bactéries peuplant le corps du nouveau-né, 5 minutes et 24 heures après sa naissance. Ils ont ainsi constaté que, peu importe le type d'accouchement, les nouveau-nés présentent une flore bactérienne très homogène partout sur leur corps. En d'autres termes, chez un bébé en particulier, on retrouve les mêmes familles de bactéries dans sa bouche, ses voies respiratoires, ses intestins et sur sa peau.

Toutefois, si un bébé est né par accouchement vaginal, les premières bactéries à le coloniser proviennent de la flore vaginale de sa mère (Lactobacillus, Prevotella, or Sneathia spp.) alors que si le bébé est né par césarienne, il est colonisé par des bactéries qu'on retrouve habituellement sur la peau (Staphylococcus, Corynebacterium, and Propionibacterium spp.).

Les résultats de cette étude nous aident donc à mieux comprendre les liens existant entre le type d'accouchement, la flore bactérienne du nouveau-né et certaines pathologies chez l'enfant. Par exemple, une étude précédente mentionnait que les bébés nés par césarienne étaient plus à risque de développer de l'asthme. En sachant que même la flore bactérienne des voies respiratoires du bébé est affectée par le type d'accouchement, on comprend mieux les impacts que cela peut ensuite avoir sur la santé du bébé.

Enfin, si la flore bactérienne est homogène au départ et se diversifie seulement par la suite, cela signifie donc que plusieurs autres facteurs environnementaux auront aussi un impact sur son évolution.

Référence: 
Maria G. Dominguez-Bello, Elizabeth K. Costello, Monica Contreras, Magda Magris, Glida Hidalgo, Noah Fierer, and Rob Knight. (2010) Delivery mode shapes the acquisition and structure of the initial microbiota across multiple body habitats in newborns. PNAS, 107 (26): 11971-11975.