Selon deux études publiées dans PLoS Medicine récemment, les risques de rupture utérine sont plus élevés chez les femmes choisissant de tenter un AVAC que chez les femmes choisissant d'avoir une deuxième césarienne planifiée. Par conséquent, le premier réflexe de certains professionnels de la santé devant de tels résultats est de décourager les femmes de tenter un AVAC. Toutefois, ce réflexe est-il bien justifié?
Un médecin du Maryland, Catherine Y. Spong, s'est penché sur le sujet dans un article intitulé To VBAC or Not to VBAC?
Tout d'abord, Dr. Spong rappelle qu'autant dans le cas d'un AVAC que d'une césarienne planifiée, le risque de rupture utérine est très bas. On parle en effet d'une femme sur 500 dans le cas des AVAC et d'une femme sur 1000 dans le cas des césariennes électives. Par ailleurs, les risques de mortalité chez le foetus ou le bébé sont d'environ 2.4 % pour les AVAC planifié et de 0.9 % pour les césariennes.
Toutefois, lorsqu'on interprète les résultats de telles études, il faut aussi évaluer leurs limites. Dans le cas qui nous intéresse, l'échantillon randomisé étudié était très petit (22 femmes dont le type d'accouchement a été assigné au hasard). D'autres parts, il est difficile d'étudier adéquatement la rupture utérine puisqu'il s'agit d'un évènement très rare. Enfin, comme dans certains cas il est impossible d'assigner au hasard le type d'accouchement que vivra une femme, il peut toujours y avoir d'autres variables qui entrent en ligne de compte. En effet, le choix du type d'accouchement peut être influencé par certains facteurs maternels ou foetaux qui pourraient aussi avoir un impact sur les effets étudiés.
En particulier, les césariennes électives ont souvent lieu entre 38 et 40 semaines de gestation alors que les AVAC ont beaucoup de chance de se produire autour ou après 40 semaines. Ces semaines supplémentaires pourraient donc être responsables de l'augmentation de risques qu'on associe aux AVAC.
Par ailleurs, Dr. Spong souligne qu'on oublie souvent de mentionner que les césariennes multiples augmentent significativement les risques de complications lors de grossesses subséquentes, des complications pouvant elles aussi mettre en danger la vie de la mère et du bébé.
Par conséquent, il est donc important de mettre les risques en perspectives. En effet, la grossesse et l'accouchement sont, en eux-mêmes, des évènement risqués dans la vie d'une femme. Malheureusement, certains risques (par exemple ceux associés aux AVAC) sont beaucoup plus discutés avec les patientes que d'autres (ceux associés à la césarienne). Par ailleurs, les risques de perdre le bébé à cause d'une rupture utérine sont estimés à 0,006%, un risque considéré comme acceptable si on le compare à d'autres complications de grossesse. À titre indicatif, le risque de perdre un bébé lors d'une amniocentèse est de 0,1%.
Malheureusement, les résultats rapportés dans PLoS Medicine risquent de causer bien des craintes chez les femme enceintes. Dr. Spong souligne donc avec justesse que toutes ces discussions sur le risque des AVAC seraient superflues si on avait pu éviter la première césarienne.