Dans un billet précédent, je parlais d'une étude démontrant que le fait d'entendre la voix de ses parents pendant un séjour aux soins intensifs favorisait le développement du langage chez les prématurés. Cette fois-ci, des chercheurs vont encore plus loin en étudiant l'effet de la voix de la mère sur l'état de santé cardiorespiratoire du bébé.
Il est très courant pour les bébés prématurés de vivre des arrêts temporaires de la respiration (apnée) de même que des ralentissements du rythme cardiaque (bradycardie). Ces épisodes cardiorespiratoires (ECR) seraient dus en grande partie à l'immaturité du système nerveux des bébés prématurés et au fait que le cerveau de ceux-ci est plus sensible à certains neurotransmetteurs. De légers ECR n'ont pas de conséquences à long terme mais ceux plus sévères peuvent laisser des séquelles.
Pour cette raison, les départements de soins intensifs néonataux essaient d'éviter le plus possible les ECR, en administrant généralement de la caféine aux bébés prématurés. Les chercheurs savent toutefois que certains facteurs environnementaux peuvent affecter la fonction cardiorespiratoire, en particulier le bruit.
Puisque le foetus perçoit la voix de sa mère pendant la grossesse, des chercheurs de Boston se sont donc demandé si celle-ci ne serait pas nécessaire au bon développement du bébé.
Ils ont ainsi étudié quatorze nouveau-nés prématurés auxquels ils ont fait entendre des enregistrements de la voix de leur mère ou des battements de son coeur. Lorsque les bébés étaient exposés à ces enregistrements, ils connaissaient significativement moins d'ECR que lorsqu'ils étaient exposés au bruit de fond de l'hôpital. L'effet était d'autant plus marqué à partir de l'âge de 33 semaines post-conception, probablement parce qu'avant cet âge, les capacités auditives du bébé sont beaucoup plus limitées.
Selon les chercheurs, ces résultats plaident en faveur de l'instauration de pratiques hospitalières basées sur les stimulis sensoriels c'est-à-dire olfactifs, tactiles et bien sûr auditifs.
Pour ma part, je crois que cette étude est un argument de plus pour la mise en place plus fréquente de soins kangourou pour les prématurés. En effet, en plus de recevoir les bienfaits du peau-à-peau, le bébé est alors dans une position parfaite pour bien entendre la voix de sa mère de même que le bruit de son coeur.
Enfin, de tels résultats nous rappellent également que le bébé a besoin de sa mère pour bien se développer et que la séparation mère-enfant devrait être évitée le plus possible.
Référence: Laura Doheny, Shelley Hurwitz, Robert Insoft, Steven Ringer, and Amir Lahav. (2012) Exposure to biological maternal sounds improves cardiorespiratory regulation in extremely preterm infants. Journal of Maternal-Fetal and Neonatal Medicine
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