Ces hypothèses proviennent entre autre d'études neurologiques faisant état des effets de l'exposition au mercure environnemental et aussi des empoisonnements au méthylmercure. Par ailleurs, les risques associés à l'exposition au mercure sont bien documentés. Par exemple, l'empoisonnement congénital au mercure cause une longue liste de problèmes développementaux en interférant avec plusieurs processus neurologiques.
De plus, on sait également que les enfants nés de mères consommant beaucoup de poisson riche en mercure ont de légers déficits au niveau du langage, de l'attention et de la mémoire.
Il est aussi connu que les enfants ayant des obturations dentaires sont exposés à de petites doses de mercure puisqu'on en retrouve dans leur urine. Par contre, cela n'a été associé à aucun effet au niveau neurocomportemental.
Une autre voie possible d'exposition au mercure serait lors de la vaccination puisque plusieurs vaccins contiennent du thimérosal, un composé contenant environ 49% de mercure. Toutefois le type de mercure présent dans le thimérosal, l'éthylmercure passe difficilement la barrière entre le sang et le cerveau. En général, les études à ce sujet n'arrivent pas à un consensus. Bien qu'un groupe de chercheurs ait rapporté plusieurs résultats associant le thimérosal à l'autisme, plusieurs autres études sont arrivées aux résultats contraires. Par ailleurs, bien que le thimérosal ait été retiré des vaccins dans plusieurs pays, on y observe encore une augmentation notable des cas d'autisme.
L'un des mécanismes proposés pour expliquer le lien entre l'autisme et le mercure serait que les enfants prédisposés à l'autisme auraient plus de difficulté à éliminer le mercure auquel ils sont exposés. Par conséquent, même à faible dose, le mercure pourrait s'accumuler dans leur organisme et avoir des effets néfastes. Si c'est le cas, la quantité de mercure se trouvant dans l'urine des enfants devraient être différente pour les autistes. Toutefois, à ce jour, les études qui se sont penchées sur ce phénomène ont rapporté des résultats plutôt contradictoires.
Dans une nouvelle étude réalisée au Royaume-Uni, on a étudié 251 enfants: 54 enfants souffrant d'autisme, 155 enfants non-autistes et 42 enfants dont le frère ou la soeur étaient autistes. Les chercheurs n'ont détectés aucune différence dans les taux de mercure urinaire entre les trois groupes. Ces résultats doivent toutefois être interprétés avec prudence. D'une part, le nombre d'enfants étudiés est relativement petit, ce qui réduit la force statistique de cette étude. D'autre part, les chercheurs ont remarqué beaucoup de variabilité au niveau des échantillons d'urine.
À prime abord, cette nouvelle étude semble infirmer l'hypothèse que la difficulté à éliminer le mercure pourrait être la cause de l'autisme. Par contre, les mesures ont été effectuées chez des enfants de 8 à 12 ans. On sait cependant que l'autisme se développe pendant la petite enfance. Il aurait donc été, à mon avis, plus intéressant d'étudier la capacité à éliminer le mercure en bas âge. En effet, il est possible que cette capacité change avec le temps et que les différences présentes chez les tout-petits s'estompent avec les années.
Il est pour l'instant difficile de conclure concernant le lien entre le mercure et l'autisme. Les études manquent de cohérence et sans aucun doute, la méthodologie de recherche doit avoir un impact sur les résultats rapportés. Enfin, il ne faut pas écarter que plusieurs facteurs puissent être en cause dans le développement de l'autisme, rendant difficile l'étude individuelle de ceux-ci.
À ce jour, la controverse demeure donc entière.
Référence: 2012
A Comparison of Urinary Mercury between Children with Autism Spectrum Disorders and Control Children.
PLoS ONE 7(2):
e29547.
doi:10.1371/journal.pone.0029547